Surveillance des risques de sécurité et évaluation des menaces d’Al-Shabaab en Somalie

Surveillance des risques de sécurité et évaluation des menaces d’Al-Shabaab en Somalie

Surveillance des risques de sécurité et évaluation des menaces d’Al-Shabaab en Somalie

Opérations militaires janvier 2025

23 février 2025

Ce rapport examine et analyse les opérations militaires de Harakat al-Shabaab al-Mujahidin en Somalie.

Date : janvier 2025

Méthode : Suivi de la propagande djihadiste (vidéos, photos, déclarations, revendications) et rapports de sources sur le terrain.

Organisations/groupes :

  • Harakat al-Shabaab al-Moudjahidin

Zones impactées :

  • Somalie, Kenya

Malgré les opérations antiterroristes et sécuritaires menées par l’armée somalienne et les milices progouvernementales contre Al-Shabaab au cours des deux dernières années, le groupe terroriste continue de représenter une menace pour l’État somalien. Bien que la violence d’Al-Shabaab ait légèrement diminué en 2024, son mode d’activité a changé et les menaces et attaques contre la sécurité du groupe dans le pays restent très élevées.

Nombre d’attaques en janvier 2025 : 73

Zone:

  1. Somalie : 71 attentats
  • Région de Janaale, région de Kismayo, région de Merca, région de Shalanbood, région de Qoryooley, région d’Afgoye, région de BuuloMareer, région de Baraawe, région du Cap Kamboni, région du Bas Shabelle ;
  • Région de Baidoa, région de Berdale, région de Qansahdhere, région de la Baie ;
  • Zone de Baardheere, zone de Garbahare, zone de BeledHawo, région de Gedo ;
  • Région de Beledweyne, région de Buuloburde, région de Hiraan ;
  • Région de Wajid, région de Hudur, région de Bakool ;
  • Zone d’El Dher, zone de Mesagawayn, Région de Galgudud ;
  • Région de Mahaday, Moyen Shabelle ;
  • Région de Mogadiscio ;
  1. Kenya : 2 attentats
  • Kiunga , région, comté de Lamu ;

Cibles : Forces spéciales somaliennes, forces spéciales Danaab, armée somalienne, armée éthiopienne, armée ougandaise, armée kenyane, milices pro-gouvernementales somaliennes, police somalienne, services de renseignement somaliens.

Les médias officiels al-Kataib Media et al-Shahada News ont diffusé de la propagande, des photos, des vidéos et des allégations. Le groupe a publié 52 déclarations revendiquant ses activités militaires. Ce mois-ci, il a cependant publié très peu d’images et de vidéos.

Conclusion : Évaluation des menaces à la sécurité

Malgré le déclin de ses activités, l’insurrection d’Al-Shabaab a fait preuve de résilience et demeure le principal défi sécuritaire dans une Somalie déchirée par la guerre. Al-Shabaab continue de contrôler de nombreuses zones du pays et de lancer des attaques meurtrières contre les forces internationales et les civils dans la région. Les cibles sont multiples, les types d’attaques sont nombreux, les victimes provoquées sont en augmentation et les attaques sont plus sophistiquées. Le groupe est loin d’être en retard, malgré les efforts considérables déployés contre le terrorisme au cours des deux dernières années.

Syrie : le pouvoir dévoile (en partie) ses intentions

Syrie : le pouvoir dévoile (en partie) ses intentions

Syrie : le pouvoir dévoile (en partie) ses intentions

Le nouveau maître de Damas, Ahmed al-Charaa, a donné le 29 décembre à la chaîne Al Arabiya une interview qui mérite notre attention [1] . Elle donne (quelques) éclairages sur ses intentions. Il convient de les considérer avec précaution, car le leader du groupe Hayat Tahrir al Cham (HTC ou HTS), principale faction qui a renversé Bachar el Assad, maîtrise sa communication dont il ne faut pas être dupe, avec une redoutable habileté.
 

Quelques acteurs ciblés

 Nous n’analyserons pas ici les relations du nouveau pouvoir syrien avec ses voisins ni avec la communauté internationale mais cette interview a délivré quelques messages forts à plusieurs acteurs-clés. En premier lieu, notons une (relative) défiance à l’égard de Téhéran [2] qui digère très mal le remplacement de Bachar el Assad (un coup dur). Al-Charaa enjoint fermement à Téhéran de changer complètement d’attitude et on sent une pointe de regret que l’Iran n’ait pas plus rapidement affiché une volonté plus claire à cet égard. La porte n’est pas fermée pour autant. Il est vrai que la République islamique a subi, avec le Hezbollah, un énorme revers d’une ampleur stratégique et que l’on ne peut espérer d’elle un virage à 180° instantané. Il faut dire que la période de transition qui s’ouvre a mal débuté pour l’Iran : des violences ont été perpétrées contre son ambassade à Damas (dont le porte-parole a été tué) et Ahmed al-Charaa a signifié très directement à l’Iran que sa période d’implication en Syrie est révolue [3]. Du côté iranien, où l’embarras est grand, on observe une difficulté à définir les modalités d’un éventuel dialogue avec le nouveau pouvoir, Téhéran avouant ne pas avoir eu de contacts directs avec le groupe HTC mais avec d’autres factions [4]. Pour l’heure, l’Iran semble adopter une attitude prudente et attentiste, comme en témoigne l’évaluation sobre et factuelle des enjeux, des premières réussites, mais aussi des défis du nouveau pouvoir syrien, publiée le 29 décembre par Nour News, média proche du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale [5]. Se bornant à inviter Damas à préserver la stabilité du pays et résister aux « ingérences étrangères », Téhéran peine à franchir le pas pouvant conduire à une sorte de reconnaissance du successeur de Bachar el Assad [6] ; Kamal Kharrazi, un des conseillers écoutés du Guide, a déclaré que l’attitude iranienne dépendra du comportement des nouveaux responsables syriens [7] . Ceux-ci n’ont pas davantage de contacts organisés avec Téhéran pour un dialogue de fond [8].
 
Une des surprises de l’interview d’al-Charaa est un appel du pied à la Russie dont le nouveau maître de Damas dit « comprendre les intérêts » [9]. Il donne l’impression de vouloir entamer un dialogue avec Moscou. C’est inattendu mais reflète visiblement son réalisme. Malgré le « triomphe » inachevé (soulignons-le), il sait que son pouvoir est fragile, que le contrôle de tout le pays est encore en chantier (le sort des Kurdes sommés de ‘s’intégrer’ est incertain si ce n’est menacé pour ceux qui s’y refusent) [10] et que la Russie, bien que défaite, possède des capacités de nuisance. De même qu’il a évité de réagir brutalement aux opérations israéliennes [11] qui le contrarient beaucoup (ne le négligeons pas), il sait qu’il ne peut multiplier ennemis et fronts [12]. Peut-être compte-t-il, d’ailleurs, sur la Russie, pour faire un certain contrepoids à l’Etat hébreu. Nous ne le savons pas mais il n’est pas interdit de se poser cette question.
 
Enfin, il faut relever les messages appuyés du nouveau leader syrien en direction de l’Arabie saoudite qualifiée de modèle dans l’interview et invitée à jouer un rôle important dans la reconstruction syrienne [13]. Nul doute que MBS exigera des garanties de la part du nouveau régime avant d’engager quelque financement que ce soit. Mais s’il les obtient, ce sera une opportunité pour le royaume de disposer d’un puissant levier qui dépasse le seul cadre syrien mais concernera le Liban et la région. Signe du caractère prioritaire des futures relations syro-saoudiennes, Asaad Hassan al- Shibani, ministre syrien des Affaires étrangères, qui avait annoncé : « Nous entendons bâtir des relations stratégiques avec l’Arabie saoudite dans tous les domaines » [14], s’est rendu à Riyad ce premier janvier, à l’invitation de son homologue saoudien, accompagné du ministre de la Défense Murhaf Abu Qasra et du chef des services de renseignements Anas Khattab. Le diplomate syrien a déclaré vouloir ouvrir une « nouvelle et brillante page » avec le royaume. On devine que la stabilisation du pays est au centre des discussions et que Damas a besoin d’une aide d’urgence, puis d’une assistance pour la reconstruction. De son côté, comme nous l’indiquions plus haut, le royaume a besoin de garanties de la part de ses interlocuteurs syriens, en particulier pour la constitution d’un état ‘normal’, la renonciation aux actions violentes à l’intérieur comme à l’extérieur, sans oublier l’extinction de la production et de la commercialisation du très nocif captagon qui finançait le clan Bachar al-Assad et pourrissait la région. Le mois dernier, une délégation saoudienne de haut niveau s’était rendue à Damas pour rencontrer Ahmed al-Charaa pour préparer ces discussions. Ce même jour, Riyad a annoncé le début d’un pont aérien humanitaire avec la Syrie pour livrer de la nourriture, des médicaments, des abris aux populations sinistrées.
 
Le nouveau maître de Damas a invité Trump à changer l’attitude de l’administration américaine et appelle à la levée des sanctions. Une délégation américaine a déjà rencontré des responsables de HTS et a qualifié de positifs les premiers échanges de vues. Le futur locataire de la Maison Blanche optera-t-il pour le dialogue ou la confrontation ?
 

La démocratie… attendra ?

 
Mais ce sont les propos d’al-Charaa sur la transition politique qui ont retenu l’attention et suscitent une certaine inquiétude, notamment parmi la population chrétienne. Il indique qu’il faudra 3 ans pour préparer une nouvelle constitution, et, surtout, que les élections ne seront pas organisées avant 4 ans. Ceci jette une lumière crue sur le caractère démocratique du nouveau pouvoir. Parmi les précisions intéressantes, une distinction subtile : il a indiqué que le gouvernement transitoire n’a pas encore été constitué et que l’actuel exécutif n’est là qu’à titre tout à fait provisoire, en quelque sorte ad interim (caretakers) [15]. Il balaie l’objection du caractère lourdement ‘monocolore HTS’ (dont la seule exception est le ministre de l’Economie de Bachar al-Assad resté en poste) de ce dernier. Il annonce la convocation d’une Conférence de Dialogue National.
 
Par souci de rigueur, il convient de garder présente à l’esprit une donne essentielle de l’héritage du raïs syrien, mal connue. Bachar al-Assad a réussi l’exploit d’éliminer toute véritable opposition politique authentiquement représentative. Les personnalités connues en Occident sont souvent des exilés dont une partie notable n’a pas d’assise politique en Syrie, certains ne représentant guère qu’eux-mêmes en dépit de leur présence médiatique. Ceci était très flagrant dans les réunions organisées par les ‘blocs’ concurrents respectivement russe et saoudien où les deux puissances ont essayé en vain de composer des équipes ‘représentatives’ (= qui leur soient favorables). L’échec de ces démarches opposées ne s’explique pas seulement du fait de ces lourds parrainages mais largement par l’absence d’interlocuteurs reflétant authentiquement les courants syriens et la société civile. La conférence annoncée comblera-t-elle ce vide ? La question est entière. Sur la place future de HTS, nous relevons ce propos de son chef : « La dissolution de Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) sera annoncée lors de la Conférence de dialogue national ».
 
Ne nous méprenons pas quant à la signification de cette déclaration. Comme nombre de mouvements islamistes, HTS veut profiter du vide du pouvoir pour s’y substituer. Ce fut le cas pour les Frères musulmans lors de leur naissance en Egypte, puis du Front islamique du Salut en Algérie, qui gagna les élections sur les ruines de l’état FLN avant d’être réprimé dans le sang. Pareillement, le Hezbollah s’est inséré dans la société libanaise non seulement dans la communauté chiite, mais au-delà, en prenant la place d’un Etat absent, et créant des hôpitaux, écoles, services sociaux… Il est devenu ainsi un acteur incontournable doté d’une légitimité politique et sociale. Aujourd’hui, le Hezbollah replié de Syrie, fait face au choix difficile de sa reconversion.
 
Il est donc concevable que HTS mue d’un groupe combattant en une faction qui entend contrôler la société syrienne. Comme le savent bien les spécialistes des mouvements islamistes, la vocation d’HTS n’est pas de conquérir une région mais d’instaurer hic et nunc une nation islamique en Syrie. Le premier discours d’al-Charaa à la mosquée des Omeyyades à Damas en témoigne quand il proclame la « victoire de la nation islamique » [16]. Le mot ‘nation’ a toute son importance. Il reste que le sort des minorités est largement inconnu. Les alaouites, même se déclarant étrangers au régime de Bachar al-Assad, connaissent des moments qui s’annoncent difficiles, une période de purge s’ouvre.
 

Une urgente mise au point opportune pour répondre à ces questions

 
Conscient des interrogations que ces enjeux soulèvent, et pour répondre aux inquiétudes et doutes que nous avons décrits plus haut, al- Shibani, dans une très importante interview donnée à Al Jazeera le 31 décembre [17] présente les principales orientations de la politique syrienne, non seulement à l’égard de la région comme des puissances extérieures, mais aussi sur la conception du régime à l’égard des minorités et du respect de la démocratie. Il a solennellement confirmé que le nouveau pouvoir garantira leur liberté à toutes les religions et que la future organisation politique sera véritablement représentative des citoyens. La Conférence de Dialogue National devrait commencer ses travaux ce mois de janvier. L’ampleur des thèmes abordés atteste le poids considérable de ce ministre qui devient ainsi une des principales voix de l’équipe dirigeante syrienne. Dans un langage clair il définit la nouvelle Syrie comme un pôle d’équilibre priorisant des relations harmonieuses avec ses voisins à la condition impérative qu’ils s’abstiennent d’ingérences dans le pays. Avec la Russie, il indique qu’un dialogue positif peut s’instaurer pouvant mener à des relations constructives. A l’égard de l’Iran, si celui-ci change radicalement d’attitude, des relations apaisées sont concevables. Mais une certaine réserve est perceptible. Avec Israël, il est nécessaire d’entamer des discussions, notamment sur la situation délicate du Golan. Selon le ministre, la Syrie n’a pas d’a priori à l’égard des Etats-Unis, comme cela a été indiqué à la délégation américaine rencontrée à Damas. Mais il y a un point capital à traiter avec la future administration Trump : la levée des sanctions sans laquelle le redressement de l’économie est impossible. Elles avaient une raison d’être à l’encontre de Bachar al-Assad. Elles ne sont plus justifiées. Deux Etats auront une place primordiale pour la Syrie de demain : l’Arabie saoudite qui sera un partenaire privilégié, en particulier pour la reconstruction du pays, et la Turquie, dont le soutien fidèle fait une alliée qui compte. S’agissant des Kurdes, al-Shibani indique que Damas les considère comme faisant partie de la communauté syrienne (= pas de séparatisme), mais on comprend qu’il se soucie de leur situation humanitaire et que des discussions sont engagées avec eux.
 

Une crédibilité à valider par les actes  

 
Que penser de cette interview ? Indiscutablement, c’est un exercice de communication qui témoigne d’un réel professionnalisme chez le ministre dont on remarquera qu’il n’a pas esquivé les questions et qu’il a choisi un langage réfléchi et clair. Le choix d’Al Jazeera dont on connaît l’influence dans le monde arabe et au-delà, n’est pas anodin. Sur le fond, cet entretien est annoncé comme visant à présenter les principales orientations des successeurs de Bachar al-Assad. A cet égard, ce sont surtout des grandes orientations, des principes très généraux, une ‘philosophie’ qui ont été énoncés. Peu de précisions ont été apportées, l’impression prévaut que le nouveau pouvoir veut avancer ses pions prudemment, ce qui est compréhensible, vu que le pays n’est pas stabilisé. Il s’agit de propulser une image de ‘responsable’, ‘raisonnable’, soucieux de tranquillité intérieure et d’harmonie dans ses relations extérieures. Un certain nombre d’attitudes et postures futures sont la confirmation de celles déjà présentes dans les déclarations d’al-Charaa (Russie, Iran, Arabie saoudite). En revanche, il est évident que les questions insistantes de l’interviewer sur le respect des minorités religieuses, de la démocratie, ainsi que les réponses particulièrement claires de l’interviewé, ont vocation première à dissiper l’inquiétude de la communauté internationale, des voisins, ainsi que des alliés et futurs bailleurs de fonds. Il y avait en effet une double urgence à cela : l’impression mitigée causée par le caractère monolithique du nouveau pouvoir, par certains incidents à caractère sectaire, etc, imposait à celui-ci de la corriger très rapidement, singulièrement au moment où il va solliciter de l’aide pour sa survie et la reconstruction du pays. Au bout du compte, l’observateur est obligé de prendre note de cette mise au point. Quel crédit lui accorder ? Seuls les actes dans les semaines et mois à venir permettront de se former une opinion. L’objectivité commande de reconnaître que la posture des acteurs extérieurs jouera un grand rôle dans la confirmation ou l’évaporation de ce catalogue d’intentions. D’ores et déjà, l’Arabie saoudite apparaît comme un ‘grand frère’ dont beaucoup dépendra. MBS, comme on le voit dans les deux crises (entre les Palestiniens et Israël, entre l’Etat hébreu et l’Iran), agit avec prudence avec un jeu d’équilibre fédérateur. Le royaume priorise une baisse de la tension régionale, condition indispensable au déploiement de son Plan Vision 2030. Le rôle de la Turquie sera sans doute conséquent (au vu des services rendus) mais nous ne percevons pas précisément son périmètre, notamment sur le dossier critique des Kurdes. L’esquisse (très préliminaire) de dialogue entre Ankara et Ocalan (le leader du PKK) est -il un élément du puzzle ? Sans doute, de délicates discussions seront engagées sur ce même sujet avec Washington. En tout cas, le nouveau ministre syrien des Affaires étrangères est en train d’asseoir sa stature de diplomate en chef.

Un concept montrant un porte-conteneurs tel qu’il pourrait ressembler après sa conversion en navire de guerre

Un concept montrant un porte-conteneurs tel qu’il pourrait ressembler après sa conversion en navire de guerre

Un concept montrant un porte-conteneurs tel qu’il pourrait ressembler après sa conversion en navire de guerre avec des missiles conteneurisés et des drones, y compris le lanceur de missiles montré au milieu du navire.

Armes de guerre pour plates-formes de navires marchands

Transformer les navires marchands en navires de guerre équipés de missiles et de drones permettrait d’élargir rapidement la flotte de combat.

Février 2025

Procédure

Au cours des cinq dernières années, les innovateurs ont répondu aux appels à augmenter le nombre de navires de la Marine en plaçant des missiles conteneurisés sur des navires marchands. Ils ont amélioré les armes, les drones et les capteurs au point que la Marine expérimente leur montage sur des porte-conteneurs. 1 Malgré cela, les politiciens, les chefs militaires et les analystes américains continuent de surestimer le nombre de destroyers, de croiseurs, de frégates, etc. dont la Marine a besoin. Mais la Marine a reconnu qu’elle ne pourrait pas atteindre son objectif de plus de 380 navires de sitôt : en octobre 2024, le chef adjoint des opérations navales pour les besoins et les capacités de combat, le vice-amiral James Pitts, a noté que, si le budget était maintenu au niveau prévu, ce nombre serait impossible à atteindre. 2 

Même si la marine obtenait la flotte souhaitée de 380 navires, il n’y aurait pas suffisamment de navires déployés à l’avant pour remporter un combat de missiles à portée des missiles antinavires de l’Armée populaire de libération (APL). Pourtant, rester hors de portée des missiles chinois rendrait la flotte de surface largement inutile et obligerait les alliés à se battre sans le soutien naval américain. Si la guerre éclate, la Chine tirera presque certainement la première, laissant les forces américaines absorber la première salve et espérant rester suffisamment efficaces pour riposter. 3 Comme cela a été bien documenté ailleurs, la portée limitée de l’aviation embarquée et les vulnérabilités des avions basés à terre signifient que les chasseurs d’attaque ne seraient probablement pas d’une grande aide. 4 Enfin, la marine ne dispose pas de suffisamment de missiles pour remplir les magasins des navires dont elle dispose. Il y a de nombreuses raisons à cela, mais un facteur important est que le budget et les dépenses de la marine continuent de mettre l’accent sur les plates-formes et les missiles coûteux plutôt que sur ceux abordables.

En bref, le besoin et les capacités potentielles du concept de missiles marchands et de nouvelles armes ont augmenté de façon spectaculaire au cours des six dernières années. La solution évidente est de mettre en mer davantage de navires équipés de meilleurs missiles et de drones. Il est temps de s’y mettre.

Des armes différentes (meilleures)

Le nombre de navires n’est pas un bon indicateur. Le nombre d’armes que la marine peut utiliser en cas de confrontation entre deux grandes puissances est bien plus important. Le capitaine de vaisseau à la retraite Wayne Hughes a souligné une vérité fondamentale du combat naval moderne : « Les marines sont entrées dans une nouvelle ère tactique caractérisée par la guerre des missiles. » 5 Les événements récents suggèrent que les drones d’attaque devraient être ajoutés aux calculs.

Plusieurs pays et même des entreprises privées explorent le potentiel de cette idée et ont développé des ensembles complets de systèmes conteneurisés comprenant une variété de missiles, de drones, d’armes à feu, de radars, de sonars remorqués et de suites de commandement et de contrôle. La Russie vend le missile antinavire Club-K dans des conteneurs équivalents à 20 pieds (EVP) depuis plus d’une décennie. 6 Depuis lors, Israël, l’Iran, la Chine, les États-Unis, les Pays-Bas, le Danemark et de nombreux autres pays ont développé des systèmes de missiles conteneurisés. Cette année, la marine royale néerlandaise a commencé à équiper ses auxiliaires de missiles conteneurisés. 7 Les tests d’armes conteneurisées effectués par Israël en 2020 sont instructifs :

Une fois le système d’armement à bord, aucune modification ne serait nécessaire. En plus des missiles offensifs, les cargos pourraient être équipés de missiles et de canons antinavires en conteneur et/ou dissimulés, ainsi que d’intercepteurs et de capteurs de défense aérienne et antimissile, ce qui en ferait des navires de guerre asymétriques et dissimulables. 8

Les armes et équipements de soutien conteneurisés sont multimodaux. Ils peuvent être utilisés à partir de porte-conteneurs ou des ponts de navires de guerre, voire même transportés à terre. Les conteneurs peuvent être manipulés par des équipements commerciaux présents dans n’importe quel port important, y compris ceux des première et deuxième chaînes d’îles. Les régiments littoraux de la Marine et les forces opérationnelles multidomaines de l’Armée de terre s’exercent déjà avec des missiles de croisière antinavires basés à terre (ASCM) dans le Pacifique. La prochaine étape logique serait de passer des lanceurs et véhicules spécialisés que ces services utilisent actuellement à des conteneurs d’expédition standard et à des camions commerciaux pour rendre les systèmes interchangeables et multimodaux. 

Malheureusement, la flotte de la marine marchande chinoise et ses dizaines de milliers de bateaux de pêche pourraient fournir à la marine de l’APL (PLAN) des plateformes de lancement pratiquement illimitées. 9 Il est donc d’autant plus important que les États-Unis et leurs partenaires régionaux coopèrent. Le Japon, Taïwan, la Corée du Sud, Singapour et l’Australie déploient déjà des ASCM terrestres qui pourraient facilement être adaptés aux systèmes conteneurisés. De tels efforts renforceraient les efforts des États-Unis pour protéger leurs amis et partenaires dans les mers de Chine orientale et méridionale et au-delà. 

Systèmes d’attaque et de surveillance améliorés

Modèle réduit d’un véhicule aérien sans pilote conteneurisé Kratos XQ-58. Kratos

La portée et les capacités des drones aériens et maritimes ont considérablement augmenté ces dernières années. Par exemple, les défenseurs de l’environnement ont recours à des drones autonomes dotés de capteurs visuels et infrarouges et d’une très longue portée (jusqu’à 1 100 miles pour le Flexrotor) pour surveiller la pêche illégale, non déclarée et non réglementée ainsi que le braconnage des espèces sauvages. 10

Israël exploite le véhicule aérien sans pilote Harpy depuis plus d’une décennie. Le Harpy à décollage et atterrissage verticaux peut naviguer de manière autonome sur une distance allant jusqu’à 960 km pour chasser dans les spectres visuel, infrarouge et électromagnétique. L’US Air Force, la Navy et le Marine Corps expérimentent actuellement le drone Kratos Valkyrie. Il a une portée de 4800 km, une charge utile de 272 kg et une vitesse de croisière de 0,72 Mach, et il est conçu pour être « indépendant de la piste ». 11 Kratos a développé une version avec un lanceur qui peut tenir dans un conteneur d’expédition standard. 12 

De nombreux pays développent des navires d’attaque de surface autonomes à longue portée. Le Magura V ukrainien a démontré sa capacité meurtrière et a pratiquement chassé la marine russe de la mer Noire. Saronic Technologies, une entreprise américaine, construit des navires autonomes à propulsion en essaim, dotés d’une autonomie de 1 600 km et d’une charge utile de 450 kg. Ces navires sont suffisamment petits pour pouvoir être chargés en plusieurs dans un conteneur EVP. Ils peuvent être lancés depuis un navire en mer, un avion ou la plage.

Plateformes bon marché

En combinant ces nouvelles armes et systèmes de lancement avec des navires commerciaux largement disponibles et relativement peu coûteux, la Marine pourrait créer une classe de « marchands de missiles » dotés de magasins profonds, d’une longue portée et d’un système de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) embarqué, ce qui résoudrait les problèmes de nombre et de portée. De plus, il serait facile d’améliorer les capacités de ces navires. Au fur et à mesure que la Marine développe de nouveaux missiles, drones et capteurs à plus longue portée, elle pourrait remplacer les conteneurs. 

Le coût d’un navire peut varier de 10 millions de dollars pour un petit porte-conteneurs à 40 millions de dollars pour un porte-conteneurs de 40 000 tonnes de port en lourd (DWT). 13 Avec des conteneurs pour missiles, drones, commandement et contrôle, assistance vitale et maintenance, un tel navire pourrait être transformé en navire de guerre avec des armes de précision à longue portée plus rapidement que la conception et la construction d’un nouveau navire de guerre. Un ensemble comprenant 40 missiles coûterait environ 100 millions de dollars, soit environ 2 millions de dollars pour chaque missile d’attaque navale et 20 millions de dollars pour les modules de commandement, de maintenance et d’habitation et toute modification mineure du navire requise. La plupart des porte-conteneurs modernes sont à double coque, ce qui leur permet d’absorber plus de dégâts que les navires de surface de la Marine, tels que les navires de combat littoraux. De plus, les conteneurs vides pourraient être remplis de mousse, de terre ou d’autres matériaux absorbant l’énergie comme blindage peu coûteux. Autre avantage : les porte-conteneurs nécessitent généralement moins d’entretien que les navires de guerre de surface et sont en mer beaucoup plus fréquemment.

Pour un coût d’acquisition net de 130 à 145 millions de dollars chacun, la Marine pourrait acheter une quarantaine de missiles marchands pour environ un quart du coût combiné d’un porte-avions de classe Gerald R. Ford et de son escadre aérienne, tout en ajoutant 1 600 missiles haut de gamme à la flotte. 14 

Mieux encore, ce concept pourrait renforcer les progrès significatifs réalisés par le Pentagone dans la recherche d’entreprises de défense non traditionnelles pour produire des missiles de croisière à bas prix. À la mi-2024, seulement 11 semaines après sa création, la start-up de défense Ares a commencé à tester en vol un missile de croisière bon marché. Elle « vise un coût unitaire de 300 000 dollars pour ses missiles », contre 3 millions de dollars pour le missile antinavire à longue portée 15 .

La Marine américaine a procédé à des essais de tir de missiles conteneurisés SM-6 Standard depuis le grand navire de surface sans pilote Ranger . US Navy (Tyler Fraser)  

Des ASCM plus petits et moins chers comme ceux-ci signifieraient que la Marine pourrait augmenter considérablement la profondeur du chargeur de la flotte, remplir les cellules des systèmes de lancement verticaux de sa flotte actuelle et potentiellement mettre des centaines de missiles à bord des marchands de missiles. 

Au-delà de la réduction des coûts initiaux, de réelles économies de main-d’œuvre seraient également réalisées. Sur la base des effectifs en temps de paix, plus le personnel supplémentaire pour les opérations de systèmes de combat, les navires de commerce de missiles nécessiteraient environ 45 marins. En d’autres termes : quatre pourraient être équipés pour l’effectif prévu du futur Constellation (FFG-62). 16 modules de contrôle de lancement conteneurisés pourraient être assignés aux unités de la Réserve de la Marine qui pourraient s’entraîner régulièrement sur eux pendant les week-ends d’exercice. La formation annuelle de ces unités pourrait alors consister à faire fonctionner les modules à bord de navires de démonstration de faisabilité, voire de navires loués, si nécessaire. Une telle formation pourrait aider à identifier la combinaison optimale de soldats réguliers, de réservistes et de marins de la marine marchande. Les jeux de guerre et la simulation aideraient également à déterminer la charge optimale de missiles, de drones d’attaque et de drones ISR par navire.

Il serait essentiel que la Marine résiste à toute tentation bureaucratique qui exigerait que ces navires soient modernisés pour répondre aux spécifications générales du Naval SeaSystems Command. Cela augmenterait considérablement le coût et la complexité. 

L’acquisition de navires marchands de missiles pourrait avoir pour effet positif de fournir des opportunités de commandement aux jeunes officiers, rétablissant ainsi la longue et fructueuse tradition de la Marine qui consiste à placer de jeunes officiers aux commandes. Un navire marchand de missiles serait un premier commandement idéal pour un lieutenant-commandant.

Mise en route

Un lanceur de missiles conteneurisé de la Marine lors d’un exercice à Bornholm, au Danemark, en mai 2024. Photo de l’US Navy (James S. Hong) 

La Marine pourrait commencer le processus de développement en achetant des systèmes d’armes conteneurisés existants et en achetant ou en louant deux porte-conteneurs : un grand navire de 30 000 à 40 000 DWT avec une capacité de 2 500 conteneurs et un navire plus petit d’environ 6 000 DWT avec une capacité de 150 à 250 conteneurs. Cela permettrait de réaliser des essais initiaux avec différents concepts opérationnels. 

La Marine pourrait se poser les questions suivantes : ces plateformes peuvent-elles fournir des magasins de munitions profonds aux destroyers opérant hors de portée de la plupart des armes chinoises ? Les drones longue portée disponibles dans le commerce peuvent-ils établir des réseaux de RSR et de communication pour permettre aux navires de fournir leurs propres informations de ciblage ? Des drones plus gros comme le XQ-58A peuvent-ils opérer à partir de ces plateformes et être récupérés à terre dans une base expéditionnaire du Corps des Marines pour être réutilisés ? 

Les systèmes de communication feraient partie intégrante des ensembles d’armes conteneurisés à bord des navires lance-missiles. L’adoption récente de Starlink/Starshield par diverses marines et flottes commerciales démontre que n’importe quel navire peut disposer d’une bande passante élevée, ce qui lui permet d’accéder rapidement aux ressources nationales et d’assurer une surveillance intensive de la planète par satellite commercial. Grâce à des communications continues, les armes embarquées à longue portée permettraient des tirs massifs à partir de plates-formes dispersées, ce qui soutiendrait le concept d’opérations maritimes distribuées de la Marine. Mais des communications dégradées, voire refusées, ne rendraient pas les missiles inutiles. Des drones peu coûteux à lancement et récupération verticaux tels que le Flexrotor ou le V-Bat donneraient aux navires des moyens de surveillance organiques, leur permettant de localiser et d’engager des cibles même lorsque les liens de communication avec les quartiers généraux supérieurs sont gravement dégradés. Avec une intention claire du commandant et des capteurs conteneurisés, les navires resteraient dans le combat, augmentant l’incertitude à laquelle la Chine serait confrontée si elle devait déclencher un conflit. 

La Marine devrait collaborer avec des entreprises innovantes pour développer des processus de mobilisation et de production rapides. Elle devrait même envisager une solution telle que la flotte d’avions de réserve civile, qui subventionne les achats d’avions commerciaux à condition qu’en temps de guerre, ces appareils puissent être mobilisés par le ministère de la Défense. Une base industrielle de réserve civile pour subventionner la fabrication de pointe pourrait fournir une capacité de pointe en cas de crise future tout en investissant immédiatement dans l’innovation. 

Au fur et à mesure que les concepts seront affinés, la Marine pourrait acheter jusqu’à huit navires marchands pour le prix d’une frégate afin de développer des tactiques et d’intégrer ces navires marchands de missiles dans les tirs de la flotte. En prime, en temps de paix, ces navires pourraient compléter le MilitarySealift Command, en transportant du matériel vers et autour des théâtres d’opérations.

Prêt et en attente

La Russie vend le système de missiles conteneurisé Club-K depuis plus d’une décennie. Shutterstock 

L’une des conséquences inévitables d’une guerre entre les États-Unis et la Chine serait une réduction rapide et spectaculaire du commerce maritime pendant toute la durée de la guerre. Avec des tests et un développement appropriés en amont, la Marine pourrait être bien placée pour remplacer les pertes de combat importantes par des porte-conteneurs inutilisés et les équiper d’armes et de capteurs conteneurisés. Ils seraient en mesure de fournir des renforts rapides, mais seulement si la Marine commence à travailler avec les fabricants dès maintenant tout en formant les équipages de la Réserve navale pour piloter les navires mobilisés. 

Les systèmes avancés d’anti-accès chinois limiteront la distance à laquelle la flotte peut se déployer jusqu’à ce que la flotte et l’arsenal de missiles de la Chine soient dégradés. Pousser les groupes d’attaque de porte-avions trop loin vers l’avant pourrait mettre trop de sang et d’argent en danger sans contribuer au combat. Les porte-avions joueraient un rôle vital pour gagner la lutte pour la domination au milieu de l’océan, mais ils sont trop précieux pour être risqués dans les premières étapes. 

En revanche, les navires marchands de missiles seraient des plates-formes de faible valeur, du type de celles qui ont été historiquement mises en danger dans les conflits entre grandes puissances, comme les navires de piquet qui ont protégé la flotte américaine pendant la bataille d’Okinawa. Dans tout combat naval, certains navires devront être mis en danger, mais, contrairement à ces navires de piquet, les navires marchands de missiles auraient une puissance offensive considérable tout en étant beaucoup plus résistants et nécessitant des équipages plus réduits. Et, étant donné que les capteurs électromagnétiques pourraient avoir du mal à les distinguer du trafic de navires commerciaux restant en mer, ils pourraient être plus susceptibles de persister en avant.  

Les navires marchands convertis pourraient être des « camions » d’armes durables et peu coûteux. Étant donné l’interchangeabilité des conteneurs modernes, ce type de navire lance-missiles pourrait devenir le système le plus facilement remplaçable et modernisé lors d’un combat. 

  1. CAPITAINE R. Robinson Harris, USN (retraité) ; Andrew Kerr ; Kenneth Adams ; Christopher Abt ; Michael Venn ; et le colonel TX Hammes, USMC (retraité), « Convertir des navires marchands en navires lance-missiles pour la victoire», US Naval Institute Proceedings145, n° 1 (janvier 2019).
  2. John Grady, « L’objectif de 381 navires de la Marine est difficile à atteindre dans le cadre des perspectives budgétaires actuelles, déclare l’amiral», USNI News,9 octobre 2024.
  3. Robert O. Work et Greg Grant, « Battre les Américains à leur propre jeu : une stratégie de compensation aux caractéristiques chinoises », Center for New American Security, juin 2018, p. 5. 
  4. Jerry Hendrix, « La marine doit renforcer la portée, la taille et la létalité de ses escadres aériennes », Breaking Defense, 19 juin 2017 ; et Thomas Shugart et Javier Gonzalez, « First Strike: China’s Missile Threat to US Bases in Asia », Center for a New American Security, juin 2017.
  5. CAPITAINE Wayne Hughes, USN (retraité), Fleet Tactics and Coastal Combat, 2e éd. (Annapolis, MD : Naval Institute Press, 1999), 167.
  6. Michael Stott, « Une nouvelle arme russe mortelle cachée dans un conteneur maritime », Reuters, 26 avril 2010.
  7. John Konrad, « Navires de ravitaillement marchands armés : la marine néerlandaise vient-elle de redéfinir la guerre navale ? » gCaptain, 27 septembre 2024.
  8. YuavZitun, « Un missile israélien classé secret-défense atteint une cible à une portée de 400 km », i24News, 2 juin 2020.
  9. Zhang Hongzhou, « L’industrie de la pêche en Chine : situation actuelle, politiques gouvernementales et perspectives d’avenir », Centre d’analyses navales, 9 juillet 2015.
  10. « Flexrotor », aerovel.com/flexrotor.
  11. Kratos, « Kratos : XQ-58A Valkyrie », kratosdefense.com
  12. Joseph Trevithick, « ​​Ce lanceur conteneurisé pour le drone de combat XQ-58A Valkyrie pourrait changer la donne », twz.com, 17 octobre 2019.
  13. Pour les navires d’occasion, voir « Container Ships for Sale », NautiSNPShip Sale &Purchase, www.nautisnp.com/container-ships. Pour des estimations sur les navires neufs, voir « VesselsValue:Newbuild Report 2021 », Container News, 28 février 2022. Notez la fluctuation des coûts en raison de la nature cyclique de la demande.
  14. Programme de porte-avions de classe Ford (CVN-78) de la marine: contexte et enjeux pour le Congrès (Washington, DC : CongressionalResearch Service, juin 2020), 2 ; et Gary Wetzel, « La mort lente de l’escadre aérienne des porte-avions », Jalopnik, 19 juillet 2017.
  15. Joseph Trevithick, « ​​Un nouveau concept de missile de croisière « bon marché » testé en vol par une start-up soutenue par la Silicon Valley », twz.com ,21 août 2024. 
  16. EricWertheim, « La future frégate de la marine américaine», US Naval Institute Proceedings146, n° 7 (juillet 2020), 91.

 

Un groupe soudé d’hommes motivés politiquement » – MI5 et CPGB

Un groupe soudé d’hommes motivés politiquement » – MI5 et CPGB

La divulgation de documents du MI5 la semaine dernière a peut-être alimenté l’ obsession traditionnelle de la presse britannique pour les exploits de Kim Philby , Anthony Blunt et leurs collègues, mais tous les documents intéressants publiés ne concernaient pas les espions de Cambridge.

Sur Declassified UK , le journaliste chevronné du renseignement Richard Norton-Taylor a exhumé des documents qui jettent un nouvel éclairage sur la relation complexe entre le Service de sécurité , le Parti communiste de Grande-Bretagne et le mouvement ouvrier britannique.

Des espions du MI5 étaient régulièrement convoqués au 10 Downing Street pour des réunions clandestines avec le Premier ministre travailliste Harold Wilson afin de partager des informations sur les marins en grève, révèlent des dossiers jusqu’alors top secrets datant de 1966.

L’étendue complète de ses relations étroites avec les hauts responsables du MI5 est contenue dans des dizaines de documents déclassifiés mardi aux Archives nationales de Kew. ¹

Les grandes lignes de cette histoire sont connues depuis longtemps. Wilson a imputé la grève au Parti communiste dans une déclaration célèbre à la Chambre des communes.

Il nous est difficile d’apprécier les pressions exercées sur des hommes que je sais réalistes et raisonnables, non seulement dans leur fonction exécutive mais dans les comités de grève hautement organisés dans les différents ports, par ce groupe très soudé d’hommes politiquement motivés qui, comme l’ont montré les dernières élections générales, n’ont absolument pas réussi à faire accepter leurs points de vue par l’électorat britannique, mais qui sont maintenant déterminés à exercer des pressions en coulisses, imposant de grandes difficultés aux membres du syndicat et à leurs familles, et mettant en danger la sécurité de l’industrie et le bien-être économique de la nation .

Déjà en 1991, les biographes de Wilson, Stephen Dorril et Robin Ramsay, avaient signalé le rôle de l’agent du MI5 Dick Thistlethwaite, dont les services avaient fourni à Wilson des renseignements complets sur l’attaque, basés sur des écoutes et des infiltrations. ³

Les nouveaux dossiers confirment une grande partie de cette image et donnent un aperçu intéressant de la manière dont l’implication du parti communiste était perçue par le directeur général du MI5, Martin Furnival-Jones.

…les dossiers du MI5 indiquent que même si les membres du PC avaient été influents dans certains comités de grève locaux, ils étaient « numériquement faibles » au sein du NUS et leur rôle diminuait.

Paradoxalement, cette situation a suscité des inquiétudes au sein du MI5. Le 17 juin 1966, Furnival-Jones rapportait que « le parti [communiste] semblant sur le point de se retirer de la grève, nos sources d’information allaient se tarir ». ⁴

A première vue, c’était une bonne nouvelle. Le retrait des communistes aurait dû signifier que la grève n’était plus une menace subversive, mais simplement un conflit social interne. Les propos de Furnival-Jones suggèrent qu’en réalité, le Parti fournit un prétexte utile pour recueillir des renseignements sur le Syndicat national des marins.

Certains membres de la gauche britannique soupçonnent depuis longtemps que le MI5 a retenu ses coups à l’égard du Parti communiste pour cette raison précise.

Dans ses mémoires controversés Spycatcher , l’agent du MI5 Peter Wright a révélé que le service savait que le parti recevait de « l’or de Moscou » – des subventions de la part de responsables soviétiques. ⁵ C’est un aspect de l’histoire de Wright qui a été confirmé plus tard par l’histoire autorisée du MI5 de Christopher Andrew. ⁶

Dans The Clandestine Caucus , Robin Ramsay soutient que le MI5 aurait pu détruire le Parti communiste, mais a choisi de ne pas le faire.

Je ne veux pas prétendre que le MI5 dirigeait le PCGB. Mais il a permis au PCGB de fonctionner. Si l’existence de « l’or de Moscou » avait été révélée en 1957 ou 1958, après l’invasion soviétique de la Hongrie, le PCGB aurait été définitivement endommagé. Mais pour le MI5, la « menace communiste » – et le lien avec l’Union soviétique – étaient tout simplement un bâton trop utile pour battre le mouvement ouvrier dans son ensemble et le Parti travailliste pour être abandonné.

Il existe d’autres explications à l’approche du MI5. Étant donné l’étendue de la couverture du CPGB par le service, il y avait une raison évidente de l’utiliser comme piège pour surveiller les Soviétiques.

Les commentaires de Furnival-Jones suggèrent cependant que cela pourrait aussi être un piège pour la dissidence intérieure, et la grève de 1966 n’a probablement pas été la dernière fois que cela s’est produit.

Cathy Massiter, une lanceuse d’alerte du MI5, a révélé dans les années 1980 qu’elle avait été chargée de trouver un communiste approprié pour justifier la surveillance de la Campagne pour le désarmement nucléaire. Cette mission a été confiée peu avant les élections générales de 1983, au cours desquelles le désarmement nucléaire était une ligne de démarcation essentielle entre les partis. ⁸

Le travail de contre-subversion du MI5 a été dévalorisé dans les années 1990. ⁹ Ce changement reflète sans doute la fin de la guerre froide, mais il fait également suite à une défaite majeure des syndicats lors de la grève des mineurs de 1984-1985 . L’évolution des considérations nationales ne peut donc pas être exclue comme facteur.

L’ère de la guerre contre le terrorisme a vu le vieux concept de contre-subversion renaître sous le nom de contre-extrémisme. Ces dernières années, la renaissance de la concurrence entre grandes puissances a donné un nouveau sens à ce terme.

Les dernières révélations du MI5 nous offrent un nouvel aperçu d’un épisode clé de l’histoire de la contre-subversion britannique, mais les dossiers s’épuisent dans les années 1970. Certains des derniers chapitres de l’histoire sont actuellement relatés par l’ UndercoverPolicingInquiry . Jusqu’à présent, les résultats suggèrent que même si le CPGB a peut-être suivi le même chemin que l’Union soviétique, toute pénurie de prétextes pour une surveillance politique n’a été que temporaire .

1Richard Norton-Taylor, chef du parti travailliste, a félicité le MI5 pour avoir espionné un syndicat , DeclassifiedUK , 14 janvier 2025.

2Harold Wilson, Grève des marins , Chambre des communes Hansard , 20 juin 1966.

3Stephen Dorril et Robin Ramsay, Smear! Wilson et l’État secret ,FourthEstate Limited, 1991, p.130-131.

4Richard Norton-Taylor, chef du parti travailliste, a félicité le MI5 pour avoir espionné un syndicat , DeclassifiedUK , 14 janvier 2025.

5Peter Wright, Spycatcher : l’autobiographie sincère d’un officier supérieur du renseignement , Viking, 1987, p.175.

6Christopher Andrew, Défense du royaume, L’histoire autorisée du MI5 , Allen Lane, 2009, p.409.

7Robin Ramsay, The Clandestine Caucus : campagnes et opérations antisocialistes dans le mouvement travailliste britannique depuis 1945 , Lobster , 1996, (mis à jour en 2023), p.71.

8Stephen Dorril, La conspiration silencieuse : au cœur des services de renseignement dans les années 1990 , Mandarin, 1994, p.26.

9Christopher Andrew, Defence of the Realm, The AuthorizedHistory of MI5 , Allen Lane, 2009, p. 780. Les organigrammes d’Andrew montrent que l’aile antisubversion du MI5, la branche F , a fusionné d’abord avec la branche C (sécurité protectrice) en 1988, puis avec la branche K (contre-espionnage) pour former une nouvelle branche D en 1994.

427e Escadron d’opérations spéciales d’aviation du Canada

427e Escadron d’opérations spéciales d’aviation du Canada

427e Escadron d’opérations spéciales d’aviation du Canada

  • 25 janvier 2025

Le 427e Escadron d’opérations spéciales d’aviation (427 OSA) est une unité de l’armée de l’air qui appuie le Commandement des Forces d’opérations spéciales du Canada (COMFOSCAN). L’unité, fondée pendant la Seconde Guerre mondiale , est basée à la BFC Petawawa, en Ontario, au Canada.

  1. Histoire

Le 427 Lion Squadron débute sa carrière de bombardier le novembre 1942 à Croft, en Angleterre. Cette unité fait partie des quinze escadrons de bombardement de l’Aviation royale canadienne (ARC) formés outre-mer dans les années 1940. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fait partie d’abord du 4e puis du 6e Groupe de l’ARC et du Bomber Command de la Royal Air Force. En mai 1943, l’escadron est ensuite transféré à Leeming, dans le Yorkshire du Nord. Il est alors équipé d’appareils Handley Page Halifax Mk V. Pendant la guerre , les heures de vol de l’escadron s’élèvent à 26 000, avec plus de 3 200 sorties. L’unité reste active jusqu’au 1er juin 1946, date à laquelle l’ARC décide de la démanteler.

L’utilisation du nom Lion a augmenté en 1943 lorsque Metro-Goldwyn-Mayer a adopté l’escadron et lui a donné un lion de bronze.

Le 1er août 1952 , l’escadron 427 est reconstitué et est basé à la base de l’ARC à Saint-Hubert, au Québec. Devenu 427e escadron de chasse, il est équipé de Sabres Canadair.

L’année suivante, en 1953, après la formation, l’unité participa à l’exercice Leapfrog III et déménagea, au sein de la 3e Escadre, à Zweibrücken, en Allemagne.

1.1. Les années 1960

En 1962 , après divers changements dans la structure de l’escadron et après être devenu le 427 Strike/Attack Squadron, le 427 fut à nouveau démantelé.

L’escadron reprit ses activités le 1er janvier 1971 et devint un escadron tactique d’hélicoptères. Depuis, l’unité est basée à la BFC Petawawa.

Au cours des années suivantes, l’unité a participé à diverses opérations et exercices dans le monde entier. Parmi ces missions figurent également :

  • 1981, Opération Calumet , en Égypte
  • 1989, Opération Sultan , en Amérique centrale
  • 1992, Opération Délivrance , en Somalie
  • 1995-1996, Opération Pivot , en Haïti

En 2006 , l’escadron prend le nom actuel de 427e Escadron d’opérations spéciales d’aviation et devient officiellement partie intégrante du COMFOSCAN.

  1. Structure du 427e Escadron d’aviation d’opérations spéciales

Le 427e Escadron d’opérations spéciales d’aviation sert aux côtés de quatre autres unités qui font toutes partie du COMFOSCAN, une organisation à haut niveau de préparation. Ces unités sont :

Structure du COMFOSCAN

Le 427e régiment d’infanterie des forces spéciales est basé à Petawawa, en Ontario. Il est considéré comme une unité de niveau 2 puisque sa fonction principale est de soutenir d’autres unités des forces spéciales lors de diverses opérations.

L’escadron est composé de deux escadrilles différentes . L’escadrille A est davantage axée et entraînée pour les opérations internationales. L’escadrille B, quant à elle, est spécialisée dans les opérations de contre-terrorisme au Canada.

  1. Responsabilités

L’objectif principal du 427 SOAS est de soutenir le COMFOSCAN lors de missions, au pays et à l’étranger, et de fournir une capacité aérienne aux unités du commandement, en particulier à l’unité de la Force opérationnelle d’intervention immédiate ( IRTF ).

De plus, cette unité est en mesure d’assister, également par un soutien logistique , les autres unités lors de :

  • évacuation des blessés
  • Recherche et sauvetage nationaux (SAR)
  • insertion et extraction d’unités de forces d’opérations spéciales en utilisant des techniques de rappel ou de corde rapide
  • opérations pendant la nuit
  • surveillance et reconnaissance
  • transport aérien de troupes

La principale différence entre le 427 SOAS et l’Aviation royale canadienne est le niveau de préparation, puisque le 427 SOAS est une unité à haut niveau de préparation , qui peut être déployée dans un court délai.

  1. Formation

L’escadron d’opérations spéciales d’aviation 427, comme toutes les unités des forces spéciales, exige une bonne condition physique. La plupart des nouveaux membres du 427 escadron ne sont pas de nouvelles recrues de l’Aviation canadienne, car des compétences et des connaissances particulières sont requises pour se joindre à cet escadron.

Au cours de leur formation pour devenir membre du 427 SOAS, ils ont la possibilité d’acquérir des compétences supplémentaires , notamment dans la mécanique des manœuvres pour piloter correctement un hélicoptère. Les nouveaux membres doivent faire face à divers scénarios tactiques, à différents moments de la journée et dans différents environnements, ce qui les préparera ensuite aux opérations réelles

  1. Équipement du 427e Escadron d’aviation d’opérations spéciales

La devise du 427 SOAS est « Ferte Manus Certas », ce qui signifie Frapper d’une main sûre.

L’ insigne de l’escadron représente un lion doré rampant, qui représente l’Angleterre, devant une feuille d’érable verte, qui représente le Canada. Au bas de l’insigne est également inscrite la devise de l’unité.

Le 427 SOAS possède également sa propre pièce de monnaie , introduite en 1942.

La pièce de 427 SOAS

En ce qui concerne l’équipement, l’escadron dispose depuis 1996 de l’ hélicoptère CH-146 Griffon . Cet hélicoptère est principalement utilisé pour l’aviation tactique et les opérations de recherche et sauvetage. Cependant, dans le passé, il a également été adopté pour des opérations d’évacuation, de surveillance et de reconnaissance, ainsi que pour des opérations d’entraînement.

Les outils et fonctionnalités qui peuvent être appliqués à cet hélicoptère sont :

  • Navigation par satellite GPS
  • Armes d’autodéfense
  • Projecteur
  • Monte-charge pour opérations d’extraction
  • Système radar Doppler

Photographie d’un Bell CH-146 Griffon

L’escadron, avant d’adopter le CH-146 Griffon, était équipé de :

  • Avro Lancaster Mk I et Mk III
  • Bell CH-135 « TwinHuey » et CH-136 « Kiowa »
  • Canadair Sabre Mk 2, Mk 5, Mk 6 et CF-104 Starfighter
  • Cessna L-19 Bird Dog
  • Vickers Wellington Mk III et Mk X
  1. Le 427e Escadron d’aviation d’opérations spéciales : missions

En 1998, le 427e Escadron d’aviation d’opérations spéciales a participé à deux opérations humanitaires différentes.

La première s’est déroulée en janvier 1945 dans l’Est du Canada. Cette opération, appelée OperationRecuperation, avait pour but de soutenir la crise humanitaire qui a frappé le sud du Québec, l’est de l’Ontario et d’autres régions des États-Unis en raison de diverses tempêtes de verglas. Le 427 SOAS a pu déployer huit unités et venir en aide aux victimes de cette catastrophe naturelle.

La deuxième opération humanitaire à laquelle a participé le 427 SOAS s’appelle Opération Central . Elle a eu lieu en novembre au Honduras . Avec seulement 24 heures de préavis, l’escadron a été déployé pour soutenir le transport des équipes médicales dans les zones les plus touchées par l’ouragan Mitch.

En 2003 , le 427e Escadron d’aviation d’opérations spéciales a été déployé en Bosnie-Herzégovine et a participé à la Force de stabilisation de l’OTAN (SFOR), une opération multinationale de maintien de la paix qui a eu lieu après la guerre de Bosnie.

En 2013 , l’escadron a été envoyé dans la région du Sahel, aux côtés du CSOR, pour participer à l’exercice multinational Flintlock 13. Des équipes de maintenance au sol, des pilotes et des ingénieurs du 427 SOAS ont été envoyés pour soutenir le commandement Afrique pendant l’exercice et pour former les forces locales.

Le 427 lors d’un salon aéronautique au Canada

En 2014, le 427 SOAS a reçu, aux côtés du CSOR, les honneurs de théâtre , qui sont des honneurs de bataille décernés aux Forces armées canadiennes lorsqu’elles participent avec succès à un conflit armé à l’étranger.

En mai 2016 , trois CH-146 Griffon, appartenant au 427 SOAS, ont été déployés en Irak, afin de soutenir les forces canadiennes déjà présentes sur le terrain. L’opération, baptisée Opération Impact, visait à entraîner les forces locales de Jordanie, d’Irak et du Liban.

CSOR : Le Régiment d’opérations spéciales du Canada

CSOR : Le Régiment d’opérations spéciales du Canada

CSOR : Le Régiment d’opérations spéciales du Canada

  • 25 janvier 2025

Le Régiment d’opérations spéciales du Canada ( ROSC ) est une unité de forces spéciales faisant partie du Commandement des Forces d’opérations spéciales du Canada (COMFOSCAN). En plus de mener des missions complexes et de pouvoir opérer dans des environnements difficiles, le ROSC est également capable de coopérer et de travailler aux côtés d’autres unités d’élite internationales.

Opérateurs CSOR lors d’un spectacle aérien au Canada

1.0. Histoire du Régiment d’opérations spéciales du Canada

Le 1er février 2006 , l’Armée canadienne a créé le Régiment d’opérations spéciales du Canada. Cependant, ses origines remontent à la Première Force de service spécial (FSSF). La FSSF, créée en 1942, était une unité de forces spéciales américano-canadienne. Elle était également connue sous le nom de « Brigade du diable » en raison de sa capacité à mener des raids nocturnes contre les forces nazies à la tête de pont d’Anzio.

Dès sa création, le recrutement a eu lieu et 175 candidats se sont inscrits au premier cours de sélection du ROSC. À la fin du cours, le 13 août 2006 , la base des Forces canadiennes Petawawa, à Ottawa, a accueilli la cérémonie officielle de mise en place du ROSC.

Le premier commandant du CSOR était le lieutenant-colonel Jamie Hammond. Depuis sa création, l’unité s’est rendue dans des zones sensibles comme l’Afghanistan, la Libye et le Mali, en raison de ses compétences et de ses capacités opérationnelles. Cette unité hautement qualifiée se concentre sur la reconnaissance, le soutien d’autres unités d’élite, le sauvetage, l’action directe et la formation des forces spéciales étrangères.

2.0. Structure

Le commandant actuel du CSOR est le lieutenant-colonel Michael Laplante et le sergent-major régimentaire est l’adjudant-chef Jeff Chalmer.

Le ROSC fait partie du COMFOSCAN , qui comprend également :

Organigramme du COMFOSCAN

Le Régiment d’opérations spéciales du Canada compte entre 700 et 800 personnes et l’âge moyen est d’environ 30 ans.

Le processus de sélection est ouvert aux hommes comme aux femmes. En 2006 , la première femme enrôlée a terminé l’ensemble du processus et est devenue opératrice insigne. Cependant, les personnes doivent avoir une expérience militaire préalable pour pouvoir postuler.

Des niveaux élevés de motivation et de forme physique sont requis pour compléter le Centre d’évaluation CSOR, qui est une phase cruciale de la sélection.

Le personnel peut s’engager en tant qu’opérateur des forces spéciales ou en tant que soutien aux opérations spéciales. Dans le premier cas, les individus sont des spécialistes directement employés dans les aspects tactiques des missions. Dans le second cas, le rôle consiste à soutenir le personnel de l’officier d’état-major et d’autres postes au sein de l’unité. 

3.0. Responsabilités du Régiment d’opérations spéciales du Canada

Le CSOR est une unité de niveau 2 , même s’il est considéré comme la « sœur » du JTF2, qui est de niveau 1. Le rôle du CSOR est de soutenir les unités de niveau 1, en particulier pendant les opérations.

L’objectif principal du ROSC est d’exécuter des missions à l’étranger ou au Canada au nom du gouvernement canadien.

D’autres tâches comprennent :

  • Mener une opération d’évacuation des non-combattants (NEO)
  • Infiltrer et exfiltrer vers et depuis les zones opérationnelles
  • Manipulation des systèmes d’armes de soutien et personnels
  • Mener une action directe
  • Perturber les systèmes défensifs ennemis

Ils doivent accomplir ces tâches en étant capables de :

  • Escalade de falaises et d’échelles
  • Parachutisme
  • Descente en rappel
  • Conduire un combat rapproché (CQB)
  • Désarmant
  • Soulever et tirer
  • Exécution d’exercices de combat sur différents types de terrain et de conditions météorologiques

(Vidéo ; Exercice d’entraînement CSOR ; via canmildoc sur  YouTube )

4.0 Formation

Le processus pour devenir membre du Régiment d’opérations spéciales du Canada est long et difficile. La formation que les recrues doivent suivre est très sélective et rigoureuse. En 2006 , lors du premier cours de sélection, 300 soldats ont postulé, 175 ont été sélectionnés et seulement 125 ont terminé la formation.

Les exigences générales pour les candidats sont les suivantes :

  • Au moins deux ans de service militaire pour les forces régulières et trois ans pour les réserves.
  • Complétez le test de présélection d’aptitude physique (PFT)
  • Compléter une formation de parachutisme
  • Obtenir une habilitation de sécurité

Le PFT CSOR pour les candidats opérateurs des forces spéciales comprend :

  • Navette de 20 mètres
  • Au moins 40 pompes et 40 abdominaux en une minute
  • Minimum cinq tractions
  • Test de natation de combat qui consiste à nager 25 mètres en uniforme de combat, bottes, fusil et sans flottaison
  • Marche chargée de 13 kilomètres avec 35 kg en moins de deux heures et 26 minutes
  • Évacuation d’une victime par un soldat de taille similaire (minimum 70 kg) à une distance de 25 mètres en portant son arme et celle de la victime.

Des membres du CSOR effectuent un saut en chute libre depuis un C-17 Globemaster III de l’US Air Force lors de l’exercice Emerald Warrior en 2013

Le PFT pour les Opérations Spéciales est différent car le nombre de compétences et la quantité de connaissances requises sont inférieurs à ceux d’un Opérateur des Forces Spéciales. Il comprend :

  • Test de natation militaire de base qui comprend des compétences de natation rudimentaires et des connaissances en matière de sécurité aquatique
  • Marche chargée de 13 kilomètres avec 24,5 kg en moins de deux heures et 26 minutes
  • Évacuation d’une victime par un soldat de taille similaire (minimum 70 kg) à une distance de 25 mètres en portant son arme et celle de la victime.

Ceux qui terminent l’ensemble du processus de sélection et de formation reçoivent le béret beige du régiment et rejoignent soit la compagnie des forces spéciales, soit l’une des trois compagnies d’action directe, soit la compagnie de soutien.

5.0 Équipement

L’ insigne du Régiment d’opérations spéciales du Canada se compose d’un stylet V-42, qui était le couteau de combat du FSSF et représente un lien avec le FSSF et le COMFOSCAN.

Les ailes dorées symbolisent la rapidité, ce qui symbolise la capacité de l’unité à être déployée à l’étranger ou au Canada. La couronne de laurier représente les connaissances de l’unité et la volonté des opérateurs d’être également des éducateurs.

Les flèches croisées symbolisent l’amitié et honorent le 1er Bataillon des services spéciaux du Canada, considéré comme l’unité fondatrice des forces d’opérations spéciales canadiennes.

La devise du CSOR est « Audeamus », ce qui signifie « Osons », faisant référence à la capacité de l’unité à faire face à tout type de défi.

Le badge CSOR

Le CSOR, en plus de l’équipement standard de l’Armée canadienne , utilise également l’ armement suivant :

Pistolets

  • Pistolet Browning 9 mm
  • SIG Sauer 9 mm P226

Autres

  • Pistolet MP5 9 mm Heckler & Koch
  • Remington 870P
  • Fusil automatique C7A2 5,56 mm
  • Carabine C8A3

Opérateur de commandement des Forces d’opérations spéciales canadiennes tirant avec un Colt Canada C8 avec IUR, viseur holographique EOTech, viseur laser LA-5 et crosse CQB Maximum Defense

6.0. Exercices internationaux

En 2008 , le CSOR a été envoyé en Jamaïque pour former les forces de défense jamaïcaines. La formation comprenait le tir, la tactique, les compétences militaires de base, l’assistance aux premiers secours et le combat rapproché.

Depuis 2011 , le CSOR a participé à l’exercice Flintlock. Cette année-là, 14 soldats du CSOR ont formé des membres de l’armée malienne au Sénégal .

En février 2016 , plus d’une centaine de personnels se sont rendus au Sénégal pour former les membres de l’armée nigérienne aux techniques de lutte antiterroriste . Leur formation a porté sur la façon de travailler ensemble et sur de nouvelles tactiques.

Un opérateur du commandement des Forces d’opérations spéciales du Canada observe les Forces armées nigériennes (FAN) lors d’un entraînement à l’action directe lors de l’EXERCICE FLINTLOCK 16 au Sénégal, en février 2016.

En 2013, le CSOR a participé à une compétition internationale de forces spéciales en Jordanie et a obtenu la troisième place , après l’unité de commando Snow Leopard chinoise et une équipe de la police spéciale chinoise. La compétition était axée sur les compétences antiterroristes des unités militaires et des forces de l’ordre. La compétition, qui a accueilli 35 unités de 18 pays, comprenait des exercices de tir, des assauts aériens, la gestion des blessés et l’entrée dans des bâtiments.

En novembre 2016 , l’unité s’est rendue au Belize pour participer à l’exercice Tropical Dagger. L’exercice comprenait des membres de la Force de défense du Belize et de la Force de défense de la Jamaïque. L’exercice comprenait un entraînement avancé aux armes légères, à la planification opérationnelle, aux techniques de combat rapproché et à un entraînement avancé dans la jungle.

Le CSOR lors de l’exercice Tropical Dagger au Belize

7.0. Missions du CSOR

Le Régiment d’opérations spéciales du Canada a été présent en Afghanistan de 2006 à 2014, en appui à la mission du Canada. Le ROSC était principalement chargé de former les forces locales, notamment la Compagnie d’intervention provinciale afghane (CIP). Par ailleurs, le ROSC a pris part à certaines occasions à des combats contre les insurgés. L’un de ces combats a eu lieu en mai 2011.

Le matin du mai 2011 semblait être un jour comme les autres. Le CSOR, basé à la base Graceland, à Kandahar, se préparait pour la journée. Tout a changé dans l’après-midi lorsque les premières balles ont retenti. Les talibans attaquaient trois endroits différents de la ville de Kandahar et posaient des bombes autour du bâtiment où ils se cachaient. Grâce à l’intervention de la RPC, le CSOR a décidé de les accompagner pour leur apporter son soutien.

Les insurgés ont réussi à se cacher dans un bâtiment de trois étages et ont maintenu leur position pendant des heures, rendant difficile toute attaque du CSOR et de la PRC. Après de nombreuses tentatives du sergent Sebastian, le capitaine Dave, capitaine du CSOR, a fait appel à la Force opérationnelle interarmées 2 (JTF-2). Aux premières lueurs du jour, le 8 mai 2011, le CSOR et la JTF-2, grâce à une attaque combinée, ont réussi à vaincre les insurgés et à sécuriser l’objectif. Pour leur rôle dans cette bataille, le capitaine Dave et le sergent Sebastian ont reçu l’Étoile de la vaillance militaire.

Lors de son séjour en Afghanistan, le 24 juin 2011, le régiment a perdu son premier membre, le caporal-chef Francis Roy . Il est décédé dans la province de Kandahar dans un accident non lié au combat.

Depuis 2014 , le ROSC est également impliqué en Irak . La contribution canadienne à la lutte contre l’État islamique s’appelle Opération Impact. L’opération Impact fait partie d’une mission plus vaste dirigée par les États-Unis, appelée Opération Inherent Resolve. Le rôle du ROSC consiste à former et à soutenir les forces de sécurité irakiennes (FSI) et les peshmergas kurdes. Leur soutien consiste à les entraîner aux techniques de combat, comme le tir de précision et le tir de mortier, dans le domaine médical et dans les compétences tactiques avancées sur le champ de bataille. L’unité, en Irak, participe également à la collecte et à la planification du renseignement.

En 2015, le sergent Andrew Joseph Doiron a été tué par des tirs amis. Sa mort a été la première perte canadienne en Irak.

Soldats du CSOR en Irak intégrés aux combattants peshmergas kurdes

L’année dernière, en 2021 , le Régiment d’opérations spéciales du Canada a été envoyé une fois de plus en Afghanistan pour évacuer le personnel de l’ambassade du Canada à Kaboul et détruire tout ce qui était sensible.

Depuis janvier 2022 , des forces spéciales canadiennes, dont le ROSC, ont été déployées en Ukraine en raison des tensions croissantes entre la Russie et l’OTAN. En plus de soutenir les forces de sécurité ukrainiennes, le ROSC a pour tâche d’élaborer des plans d’évacuation pour le personnel diplomatique canadien en cas d’invasion russe.