par | Oct 19, 2023 | lectures conseillées
Partager le fardeau: les femmes en cryptologie pendant la Seconde Guerre mondiale
par Jennifer Wilcox
(SalasioAnthology of CryptologyHistory, sortie Kindle du 2 août 23 (version de poche originale du 1er janvier 98))
Des milliers de femmes ont contribué à gagner la Seconde Guerre mondiale grâce à leurs efforts cryptologiques. Rares sont ceux qui connaissent l’importance de leurs contributions ou des vies qu’ils ont contribué à sauver. Bien que les femmes fassent depuis longtemps partie de l’histoire de la cryptologie, même avant la Seconde Guerre mondiale, la présence de militaires en cryptologie a permis à d’autres de suivre. Leur dévouement et leurs capacités ont prouvé, à plus d’un commandant masculin sceptique, que les femmes pouvaient accomplir de manière plus que adéquate ce travail exigeant, détaillé et important. Ils ont laissé derrière eux un héritage solide, permettant à des milliers de femmes de suivre leurs traces. Ces femmes ont joué un rôle essentiel tout au long de la guerre froide et continueront à mettre leurs talents, leurs compétences et leurs capacités au service de la cryptologie, l’une des sciences les plus secrètes du pays.
par | Oct 19, 2023 | lectures conseillées
Contre-attaquer : options ouvertes et secrètes pour lutter contre la désinformation russe
par Thomas Kent
(Fondation Jamestown, 29 septembre 2020)
En dynamisant le débat sur la meilleure manière de dénoncer et de traiter la propagande et la désinformation russes, Thomas Kent va au-delà de la suggestion de simples mesures défensives. Kent appelle non seulement à davantage d’aide gouvernementale et privée pour dénoncer les opérations russes, mais décrit également comment de nouvelles campagnes de messages agressives contre la désinformation russe pourraient être menées, les questions éthiques impliquées et les avantages et les inconvénients de l’engagement de l’Occident dans des stratégies secrètes.
par | Oct 19, 2023 | lectures conseillées
Rien n’est hors de notre portée : l’empire techno-espionnage américain
par Kristie Macrakis
(Georgetown UniversityPress, 3 avril 23)Depuis les premiers jours de la guerre froide, les agences de renseignement américaines ont lancé des espions dans le ciel, implanté des espions dans l’éther, enfoui des espions sous terre, coulé des espions dans l’océan et ont même tenté de contrôler l’esprit des espions par des moyens chimiques. Mais ce n’étaient pas des espions humains. Au lieu de cela, les États-Unis ont étendu leur influence dans le monde entier grâce aux techno-espions. Nothing Is Beyond Our Reach enquête sur la façon dont les technophiles américains ont créé par inadvertance un empire mondial d’espionnage : un empire basé sur la technologie et non sur la terre. L’auteur Kristie Macrakis montre comment, en surveillant le monde grâce à la technologie, les services de renseignement américains ont créé la capacité de collecter une quantité massive de données. Mais est-ce que ça a aidé ? Présentant les sites visités au cours de ses recherches et les histoires des personnes qui ont créé l’empire du techno-espionnage, Macrakis guide le lecteur depuis sa conception dans les années 1950 jusqu’à sa portée mondiale dans la guerre froide et la guerre mondiale contre le terrorisme. À l’ère de la technologie omniprésente, Nothing Is Beyond Our Reach expose les dangers d’une trop grande dépendance à la technologie tout en démontrant comment les États-Unis perpétuent la tradition de l’espionnage impérial britannique. Les lecteurs intéressés par l’histoire de l’espionnage et de la technologie ainsi que ceux qui travaillent dans le domaine du renseignement trouveront les révélations et les idées de Nothing Is Beyond Our Reach fascinantes et convaincantes.
par | Sep 26, 2023 | lectures conseillées, Uncategorized
Ernst Jünger : un écrivain face à la guerre
par FRÉDÉRIC CASOTTI
Homme d’épée et de lettres, Ernst Jünger a vécu de nombreuses guerres. Ces combats servirent de matrice à son œuvre dont le talent littéraire fit de lui un écrivain respecté. Sa francophilie lui permit d’échanger régulièrement avec les écrivains français.
Il existe une dichotomie entre ceux qui ont vécu la guerre, parfois en héros, et qui la détestent au point d’en devenir pacifistes, et ceux qui la magnifient ou y incitent, en ne l’ayant généralement pas faite. Ernst Jünger fait figure d’exception, ayant tout à la fois connu deux conflits mondiaux et fait des récits de guerre une des pierres angulaires de son œuvre labyrinthique et dantesque (l’homme a vécu 103 ans et a écrit jusqu’à deux ans avant sa mort). Engagé volontaire dans la Légion étrangère à dix-sept ans, combattant quatorze fois blessé en 1914-1918, entré dans le rang après le premier conflit mondial, capitaine quadragénaire en poste à Paris durant l’Occupation, père épleuré d’un fils mort durant la campagne d’Italie, le Souabe autodidacte a accumulé expériences et écrits martiaux (Orages d’acier, Le combat comme expérience intérieure, Jeux africains, Sur les falaises de marbre, Journal de guerre, La paix …).
Sa compréhension du nouveau paradigme de la guerre totale et mécanique et l’obligation de servir sous un régime qu’il méprisait ont toutefois subverti ses croyances et catégories originaires. Mis à l’index à partir de 1945 pour avoir refusé les opérations de dénazification qu’il estimait inapplicables à sa personne, associée au régime nazi quand il l’avait au contraire haï[1], Jünger vécut la seconde partie de sa vie – à la vérité plus longue que la première – en ermite, pourfendant le Léviathan étatique et ne quittant sa thébaïde du lac de Constance que pour assouvir à travers le monde sa passion pour les insectes.
Le crépuscule de son existence, marqué par une étude complète et approfondie de la Bible et une conversion au catholicisme, correspondit à une forme de réhabilitation. Ainsi obtint-il, non sans polémique, le prix Goethe en 1982 et fut invité par François Mitterrand en 1993 à l’Élysée comme symbole de la nouvelle amitié franco-allemande. Au risque du cliché, il était le plus francophile des écrivains allemands.
Une jeunesse dans la guerre
Ernst Jünger (1895-1998) était l’aîné d’une famille de cinq enfants. Imperméable à la discipline scolaire, il fugua et s’engagea à dix-sept ans dans la Légion étrangère française (comme, à peu près la même époque, Cendrars et Malaparte). Il se retrouva par exemple en Algérie. Rentré en Allemagne et de nouveau lycéen, il fut mobilisé à dix-neuf ans, en août 1914. Il combattit durant tout le premier conflit mondial, sur le territoire français notamment, d’abord en simple soldat, puis comme sous-officier, en qualité de commando et enfin en tant qu’officier (lieutenant). Semblant invincible pour avoir survécu à quatorze blessures, il reçut le 22 septembre 1918 la Croix pour le mérite, plus haute décoration de guerre impériale. Jünger retraça ces quatre années de combats dans Orages d’acier, qu’il fit publier à compte d’auteur en 1920. Suivit en 1922 Der Kampf als inneres Erlebnis, relatant, sur un mode autofictionnel ses souvenirs du combat et l’effet sur l’âme des soldats de conditions de vie extrêmes dans les tranchées, outre ses premières réflexions philosophiques et politiques sur la bravoure et le pacifisme.
Les images du journalisme de guerre depuis 1848
Jünger avait vécu dans sa chair cette incontestable vérité anthropologique qu’il prophétisa : l’on avait réalisé en ce premier conflit mondial, et du fait de la mécanisation, un saut qualitatif. La guerre était désormais totale et mobilisait l’ensemble de la société dans une entreprise de destruction de la nature et des Hommes. Ces derniers furent avilis, rampant dans la boue, pulvérisés sous la mitraille, massacrés pour reprendre quelques centaines de mètres de terrain. La pierre de touche de ce nouveau conflit est la technique, le matériel, qui « annexent l’homme comme un rouage impersonnel de son empire »[2] ; soit, du point de vue métaphysique, un arraisonnement total de l’homme et de la nature[3]. Cette prise de conscience engendra la figure du Travailleur[4].