par | Nov 30, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
Rendez-vous avec le patron de la DGSE dans la salle de crise
Terrorisme, ingérences étrangères, déstabilisation, révolution technologique… Nicolas Lerner, chef des espions français, reçoit « Le Point » dans la salle de crise de la DGSE.
Nicolas Lerner, le chef des espions français, dont le quotidien est fait de clandestinité, est curieusement un amoureux de la transparence. Contrôlée, certes, mais indispensable, selon lui, dans une démocratie où l’on ne peut laisser prospérer les fantasmes. Il ouvre la porte de son bureau aux journalistes du Point, ce qui permet d’entrevoir quelques photos, certaines personnelles et d’autres, dans un cadre noir, qui rendent hommage aux agents du service qui ont trouvé la mort en mission ces dernières années.
Il accepte surtout de montrer – et c’est une première – la fameuse salle de crise de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ouverte 24 heures sur 24, et s’y laisse prendre en photo. L’angle est choisi pour qu’aucun secret ne soit dévoilé… L’œil indiscret n’apprendra donc rien d’une opération en cours au Moyen-Orient, ne saura rien d’un contact avec un officier russe ou d’une interception de communication entre deux interlocuteurs malintentionnés.
Mais l’ambition de celui qu’Emmanuel Macron a nommé en janvier 2024 à la tête des services de renseignement français est claire : montrer que, face aux menaces, la France a les moyens de se défendre. Montrer aussi aux adversaires de l’Hexagone qu’en dépit de sa discrétion la DGSE n’est pas dupe des intentions de ceux qui le menacent et qu’elle surveille ce qui se passe partout dans le monde. Avec ce message : si, pendant les JO, la France n’a pas connu d’attentat, ce n’est pas un coup de chance, c’est parce que les services français ont travaillé ensemble, sans rivalité, en anticipant les menaces, d’où qu’elles viennent.
Dans la foulée de ses deux prédécesseurs, qui étaient des diplomates, Nicolas Lerner, qui vient, lui, de la préfectorale et qui a dirigé ces dernières années la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), poursuit le gigantesque chantier de modernisation des services secrets français.
En 2019, pour la première fois, Emmanuel Macron donnait une feuille de route précise à ses espions – une première en France – intitulée « Stratégie nationale du renseignement ». Le document dresse la liste des périls que doit affronter le pays : les ingérences étrangères qui menacent la souveraineté ou la vie démocratique ; les entreprises de déstabilisation ; le terrorisme djihadiste… Les moyens sont là. Malgré l’état piteux des finances publiques, la loi de programmation militaire (2024-2030) augmente de 60 % les moyens budgétaires des services de renseignement. Pour faire face au fracas du monde et s’adapter à la révolution technologique.
Le Point : Comment passe-t-on de la DGSI, que vous avez dirigée pendant cinq ans, à la DGSE ?
Nicolas Lerner : Dès ma prise de fonction, j’ai été frappé par les similitudes entre les deux maisons : l’engagement au service du pays, le dévouement, la qualité exceptionnelle des 5 000 agents de la DGSI et des 7 500 membres du personnel de la DGSE. La différence principale est que la DGSI défend le territoire national alors que je dirige désormais un service à vocation offensive qui, s’il contribue à la défense du pays, va chercher du renseignement, pour une part importante, à l’extérieur de nos frontières.
Le métier, les méthodes, le cadre juridique, le savoir-faire, les pratiques sont différents. Le cœur de métier de la DGSE est l’espionnage, ce qui n’est pas la même chose que d’assurer des missions de contre-espionnage ou de contre-terrorisme. Le corollaire, c’est l’exigence absolue de clandestinité et de secret, qui complique bien évidemment la valorisation publique des nombreux succès que la DGSE enregistre. Mais ce secret contribue aussi à la grandeur et à la noblesse du métier très particulier qui est de servir au sein d’un service de renseignement extérieur.
La sécurisation des Jeux olympiques fut votre première épreuve…
La réussite sécuritaire des JO 2024 est le résultat de trois facteurs. D’abord, la France a organisé les Jeux après dix ans de renforcement et d’amélioration sans précédent de nos dispositifs de lutte antiterroriste, singulièrement depuis 2018 sous l’impulsion du président de la République. Notre pays a désormais l’un des mécanismes de lutte antiterroriste les plus performants du monde. Ensuite, nous avons pu compter sur le soutien très efficace de nos partenaires étrangers. Enfin, la sécurisation de l’événement a reposé sur une mobilisation exceptionnelle, qui avait démarré plus de trois ans avant, de tous les services de l’État, singulièrement du ministère de l’Intérieur et de la DGSI, le service chef de file en matière de prévention de la menace terroriste sur le territoire national. La DGSE, sous l’autorité du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a pris une part très active à ce travail interservices.

Nicolas Lerner, patron de la Direction générale de la sécurité extérieure, au siège de la DGSE, caserne Mortier (Paris 20e), le 15 novembre 2024. © Khanh Renaud pour « Le Point »
De quelle manière ?
La plus-value du service doit rester confidentielle, mais je peux vous dire, par exemple, que la DGSE a identifié et permis l’interpellation de plusieurs individus radicalisés sur le territoire national dans les semaines précédant l’événement. Elle a, en outre, directement participé à l’arrestation, à l’étranger, au printemps 2024, d’un des plus gros porteurs de menaces pour la zone européenne et la France.
La menace terroriste a-t-elle diminué depuis les attentats de 2015 en France ?
Ce n’est pas parce que les Jeux olympiques se sont bien déroulés que nous pouvons en déduire que la menace terroriste n’existe plus. Cette dernière revêt, schématiquement, trois composantes. Subsiste, d’abord, le risque permanent de passage à l’acte d’un individu isolé, parfois très jeune : c’est la menace dite « endogène ». Par ailleurs, certains individus plus aguerris, qui sont incarcérés ou qui sortent de prison, restent animés d’une volonté violente à notre égard.
Enfin, et c’est là que le rôle de la DGSE est le plus important, l’Europe reste visée par les groupes terroristes étrangers, en perpétuelle recomposition. Nous devons y être particulièrement attentifs car, historiquement, les menaces projetées vers notre territoire proviennent toujours de théâtres où les groupes terroristes ont réussi à constituer des sanctuaires. C’était le cas en Afghanistan, en Bosnie, en Syrie, en Irak…
L’activité de renseignement est indissociable de la souveraineté de chaque État.
À ce titre, la DGSE a aujourd’hui trois zones d’attention particulière. La Syrie, toujours, où l’organisation État islamique continue de se régénérer et de recruter. L’Afghanistan, ensuite, d’où sont animés les réseaux liés à l’État islamique au Khorassan (ISKP). Ceux-ci sont en capacité d’essaimer en Asie centrale, d’où l’importance de la coopération, qui monte fortement en puissance, avec les pays de cette zone. L’ISKP et les réseaux russophones qui lui sont liés constituent aujourd’hui la principale source de menace projetée.
Enfin, une troisième zone de préoccupation majeure est l’Afrique subsaharienne, où l’expansion des groupes terroristes constitue une menace directe pour les États et les populations civiles de la région, mais aussi pour nos propres intérêts dans la zone et potentiellement aussi, si ces groupes terroristes arrivaient à se structurer, pour nos propres intérêts à l’intérieur même de nos frontières.
En septembre, le Mossad a impressionné en faisant exploser des bipeurs piégés du Hezbollah au Liban. La DGSE pourrait-elle, si c’était un jour nécessaire, mener ce type d’opération ?
Il ne vous aura pas échappé que le service supposé avoir conduit cette opération avait peu communiqué à l’avance sur ses capacités à la mener… Je souhaite m’en tenir à cette règle, qui est à la fois une règle de protection et une garantie d’efficacité des actions les plus clandestines que nous serions susceptibles de conduire.
Quelles coopérations la DGSE entretient-elle avec les grands services alliés, américains, britanniques, allemands ?
La coopération avec les services de ces trois pays revêt une dimension stratégique, d’une densité exceptionnelle. Mais la DGSE entretient plus de 200 coopérations, la plupart très actives, avec des services de tailles variables, en fonction de nos intérêts respectifs et des capacités des pays concernés à être présents sur les théâtres qui nous intéressent. Cela inclut donc des services de taille moyenne mais qui ont développé des capacités de travail très pointues – je pense, par exemple, aux pays frontaliers de la Russie.
Dans la lutte contre le terrorisme islamiste, le principe est de coopérer en temps réel, y compris avec ceux avec lesquels les relations diplomatiques peuvent être ponctuellement tendues. Pour le reste, nous développons des coopérations « à la carte », qu’elles soient géographiques, thématiques ou techniques. Dans le domaine du renseignement, nous comptons des amis, bien sûr, mais aussi des partenaires dont l’agenda diplomatique est différent du nôtre. Une coopération ne se structure et ne se densifie que lorsque chacune des parties y trouve son intérêt.
« Collaborer avec tout le monde » contre le djihadisme, cela inclut-il la Russie ?
Oui, le principe de la coopération entre services de renseignement est de maintenir en permanence, sauf exception rarissime, une ligne ouverte, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Lorsque les relations entre chefs d’État ou réseaux diplomatiques sont dégradées, la ligne des services de renseignement doit fonctionner en tout temps, en toute heure, en respectant les principes du secret et la discrétion. C’est la condition pour que ces échanges perdurent dans un climat de confiance.
Serait-il utile de créer un service de renseignement commun en Europe ?
L’idée revient régulièrement. Elle est, selon moi, fondée sur un constat erroné qui voudrait que la coopération entre services européens ne fonctionne pas, ce qui n’est pas vrai. En outre, elle néglige la réalité, qui est que l’activité de renseignement est indissociable de la souveraineté de chaque État.
La guerre au Proche-Orient impacte-t-elle la menace terroriste en France ?
À court terme, la poursuite de la guerre et les drames humanitaires qu’elle engendre sont susceptibles de générer des actions de nature violente de la part d’individus qui s’estimeraient en devoir d’agir au nom de la cause de la défense de la Palestine ou des musulmans. Grâce au travail des services, la menace dite importée en France et en Europe est restée plus limitée que ce qu’on aurait pu craindre.
La guerre en Ukraine ne se gagnera pas sur le champ de bataille.
Pour l’heure, nous n’assistons pas au développement de réseaux structurés d’exportation de la menace. Mais, si le conflit devait durer, un certain nombre de groupes locaux pourraient tenter de prolonger leur action en dehors des frontières de l’État d’Israël. C’est un phénomène qui est à redouter au regard de notre expérience historique et auquel nous devons nous préparer avec nos services partenaires, dont ceux du Proche-Orient.
Et si les Américains, comme le président élu Trump l’a évoqué, retiraient leurs troupes d’Irak et de Syrie ?
Ne crions pas avant d’avoir mal ! Personne n’a envie de voir ressurgir les phénomènes auxquels on a assisté entre 2012 et 2015, qui ont conduit aux drames que l’on connaît. Notre intérêt commun est de veiller à ce qu’en première intention les services de ces pays, ou les forces qui luttent contre l’État islamique dans le Nord-Est syrien, continuent à bénéficier de notre assistance. Nous serons, j’en suis persuadé, en discussion active avec la nouvelle administration américaine et avec ses services de renseignement pour définir les meilleures modalités afin de faire en sorte que l’effort conduit par les pays de la région soit accompagné dans la durée.
Il est néanmoins probable que les intentions américaines vont évoluer…
Les États-Unis sont nos alliés. Avec leurs services de renseignement, la coopération est particulièrement intense car elle renforce notre sécurité mutuelle. Nous entretenons ensemble un partenariat stratégique hors du commun, qui n’a pas souffert lors du premier mandat présidentiel de Donald Trump. Je ne peux pas imaginer qu’une inflexion politique vienne fragiliser une coopération bilatérale qui remonte à la Seconde Guerre mondiale, que rien n’est jamais parvenu à abîmer ou affaiblir et qui se fait dans l’intérêt sécuritaire de chacun de nos deux pays.
La Russie est-elle en train de gagner la guerre en Ukraine ?
Depuis trois ans, l’Ukraine, grâce au courage de son peuple, bien sûr, mais grâce aussi au soutien franc, massif et croissant dont elle a bénéficié de la part des pays occidentaux, dont la France, a fait plus que résister à la guerre déclenchée par la Russie. Elle continue de se battre pour défendre sa souveraineté. Elle a réussi à stabiliser le front militaire. Néanmoins, les tendances militaires des derniers mois sur le terrain ne sont pas en sa faveur.
La personnalisation de la prise de décision en Russie, en Chine ou en Iran rend notre travail plus complexe.
Pour ma part, j’ai deux certitudes. D’abord, que cette guerre ne se gagnera pas sur le champ de bataille : quelles que soient les dynamiques à l’œuvre sur le plan tactique, personne n’anticipe que l’un des deux États s’effondrera militairement. Ensuite, que ce conflit se terminera par une négociation qui devra impérativement préserver, durablement, l’intégrité territoriale de l’Ukraine. L’Europe doit être à la table des négociations. Le premier objectif sera de préserver la souveraineté de l’Ukraine sur son territoire et la pérennité de l’État ukrainien. Dans le même temps, il sera essentiel que la question des garanties de sécurité européennes soit au cœur de ces négociations, quels que soient leurs formats. Dans l’attente du moment où ses dirigeants estimeront que les conditions de cette négociation sont réunies, tout doit être fait pour que l’Ukraine arrive à cette négociation en position de force.
Avez-vous été surpris de l’irruption de la Corée du Nord dans le conflit ?
Nous savions que la Russie et la Corée du Nord étaient liées depuis le début de l’été par un traité de défense mutuelle. Les deux chefs d’État n’en ont pas fait mystère. Nous savions aussi que la Corée du Nord fournissait une aide balistique et livrait des munitions à la Russie. Les services travaillaient sur la question d’un soutien en troupes. Nous savions que cette perspective était étudiée par le Kremlin. Même si le choix du président russe interroge quant à ses finalités et ses contreparties – et pas qu’en France –, notre pays n’a pas été surpris lorsque les premiers éléments nord-coréens sont arrivés en Russie.
Quel regard professionnel portez-vous sur l’affirmation selon laquelle notre monde devient de plus en plus dangereux ?
Depuis quelques années, les rapports entre États sont de plus en plus brutaux. L’époque où la plupart des pays partageaient des règles du jeu communes pour défendre leurs intérêts et reconnaissaient des arbitres comme l’ONU en cas de conflit est révolue. Les instances de régulation internationales et leur capacité à peser dans la prévention ou le règlement des conflits sont fragilisées. Un nombre croissant d’États privilégie aujourd’hui la confrontation plutôt que la compétition et considère le recours à la force, ou la menace de la force, comme légitime.
Plusieurs tabous, comme l’emploi de la force militaire et l’équilibre nucléaire, ont sauté. Cette brutalité s’exprime également sous le seuil des conflits armés. Dans un monde interconnecté, l’outil cyber ou l’arme informationnelle sont utilisés pour déstabiliser ses adversaires. Autre phénomène : l’émergence de puissances de niveau intermédiaire a conduit à la multiplication d’alliances transactionnelles, très fluctuantes, dans lesquelles chaque État privilégie la quête de ses intérêts immédiats.
Comment la DGSE s’adapte-t-elle à ces bouleversements ?
Un monde plus instable, plus imprévisible, est évidemment plus difficile à décrypter et ses évolutions sont plus difficiles à prévoir. Or anticiper les crises et renseigner sur les intentions des acteurs sont au cœur de notre mission. D’autant qu’à la brutalité des rapports internationaux s’est ajouté un nouvel élément majeur : la personnalisation de la prise de décision, en Russie, en Chine, en Iran, et je pourrais citer de nombreux autres États, même parmi nos démocraties occidentales. Cela rend notre travail plus complexe car le cercle des décideurs est plus restreint. Autre phénomène, qui bouleverse le travail de notre service : l’accélération du tempo de la prise de décision.
La France sait faire passer des messages ciblés à chaque fois que c’est nécessaire.
Mais face à ces bouleversements et au durcissement des relations internationales, la France est loin d’être désarmée. Elle adapte en permanence ses outils et, pour la DGSE, ses axes d’efforts. Deux exemples. Le renseignement économique, d’abord, qui est désormais au cœur de l’activité du service. La zone indo-pacifique, ensuite, qui a été érigée en priorité par le président de la République. La DGSE a accru les moyens dédiés au suivi de cette région pour à la fois développer localement nos partenariats mais également, grâce à un travail de renseignement accru, pour permettre à la coopération que nous entretenons avec la Chine de se développer, conformément à la volonté de nos dirigeants, mais sans aucune naïveté ni risque pour notre souveraineté.
Dans certains pays, est-il encore possible de collecter du renseignement humain ? La Russie, l’Azerbaïdjan, l’Iran, etc. ont récemment interpellé des ressortissants français en les accusant d’être des espions…
Plusieurs pays procèdent effectivement à l’interpellation de ressortissants occidentaux dans une logique d’instrumentalisation, ce qui est intolérable. Mais les cas que vous citez relèvent de logiques très différentes les unes des autres.
Et au Burkina Faso, où quatre agents de la DGSE sont incarcérés depuis près d’un an ?
Cette situation est particulièrement douloureuse à porter, pour moi, pour l’ensemble des personnels de la DGSE, pour les familles de nos agents détenus à Ouagadougou et, bien entendu, pour nos quatre camarades eux-mêmes. Nous mettons toute notre énergie pour que cesse cette situation éprouvante le plus vite possible. C’est ma priorité absolue.
Comment la DGSE répond-elle aux pays qui s’en prennent à nos intérêts ?
La France est attachée au respect du droit international et privilégie le règlement pacifique et diplomatique des conflits. Mais elle sait aussi faire passer des messages ciblés à chaque fois que c’est nécessaire. Pour autant, répondre aux États qui nous menacent, ce n’est pas forcément faire comme eux. Ils jouent sur la peur, la crainte ou l’intimidation, quand la puissance de la France repose sur son dynamisme économique, sa recherche, son soft power, sa culture, etc.
Quand on s’en prend à elle, la France répond fermement, au besoin en utilisant le canal de la clandestinité.
C’est notre force de pouvoir employer des moyens de riposte dont nous n’avons pas à rougir et de dénoncer, publiquement, les méthodes déstabilisatrices employées à l’encontre de nos intérêts. Deux exemples parmi tant d’autres : quand j’étais à la tête de la DGSI, nous avons mis un terme à quatre affaires d’espionnage impliquant les services russes, ce qui a donné lieu à des actions judiciaires ou diplomatiques. Autre exemple : le président de la République a pris la décision, il y a trois ans, de créer Viginum, un outil unique en Europe, qui détecte les agressions informationnelles auxquelles se livrent certains États et alerte l’opinion publique pour que celle-ci ne soit pas dupe des manipulations.
N’y a-t-il pas une certaine naïveté à refuser d’agir œil pour œil, dent pour dent face à certains États, comme l’Azerbaïdjan qui assassine des opposants sur notre territoire ou déstabilise la Nouvelle-Calédonie…
La diplomatie et les services de renseignement français ne sont ni naïfs ni passifs. Face à des pays qui ont des attitudes très agressives à notre encontre et souvent s’en vantent, nous ne restons pas les bras croisés. Quand on s’en prend à elle, la France répond fermement, au besoin en utilisant le canal de la clandestinité.
Au Sahel, l’expansion des groupes terroristes est un problème très préoccupant, et pas que pour la France.
Mais, contrairement à ce qui prévaut dans les États autoritaires, les démocraties ne peuvent, sans se dénaturer elles-mêmes, instrumentaliser leurs systèmes judiciaires ou s’asseoir sur les principes constitutionnels qui les fondent, parfois depuis des siècles. Elles y perdraient leur âme. C’est l’honneur d’une démocratie, et aussi la garantie de la pérennité de cette forme de régime par rapport aux régimes autoritaires, de ne pas rendre coup pour coup, de contrôler ses ripostes, en ne s’abaissant pas à l’utilisation de certaines méthodes.
En Afrique francophone, cependant, la France semble avoir perdu toute son influence au profit de la Russie…
Je ne rejoins pas cette appréciation, même si, effectivement, nous avons observé la présence accrue de mercenaires et de soldats russes. L’Afrique subsaharienne a été durement frappée par la progression des mouvements djihadistes et a eu à connaître une vague inédite de coups d’État. Je mentirais en disant que nous avons suivi en France ces bouleversements avec détachement car notre pays est intervenu au Sahel au cours de cette dernière décennie pour empêcher des groupes terroristes d’établir un califat dans la région.
En lien avec de nombreux partenaires internationaux et les pays de la région, les armées françaises ont réussi cela. Nos soldats sont tombés au Sahel, où notre pays a toujours agi de bonne foi, en pleine coordination avec ses partenaires, pour apporter sa contribution à la sécurité et à la stabilité de la région. Aujourd’hui, au Sahel, nous regardons vers l’avenir. À ce titre, l’expansion des groupes terroristes est un problème très préoccupant, et pas que pour la France.
Néanmoins, votre service a perdu du terrain dans une zone qui était l’un de ses points forts…
Le service ne peut pas se réjouir de voir que des groupes terroristes gagnent du terrain au Sahel. Il continue de s’investir dans la prévention de ces menaces terroristes. Le terrorisme n’a pas de frontières et la DGSE, à chaque fois qu’elle est en capacité de caractériser des menaces, ne fait aucune rétention d’informations, quelles que soient les relations diplomatiques que nous entretenons avec les États visés.
Oui, la DGSE a dû réorganiser et réarticuler son dispositif dans la zone, mais elle continue à entretenir, voire à renforcer les partenariats que nous avions avec un nombre de pays, notamment du golfe de Guinée, qui considèrent que la France est un acteur sécuritaire important et que l’expérience et le soutien de la DGSE sont utiles pour faire face à ces groupes terroristes.
Entre services de renseignement, la guerre des clans appartient à l’histoire.
Nous avons avec eux un dialogue de grande confiance. Je constate ainsi, dans mes nombreux contacts avec mes collègues africains, que, conformément aux orientations du chef de l’État, nos propositions de partenariats équilibrés, gagnant-gagnant, entre États souverains, qui ont chacun intérêt à renforcer leur coopération, suscitent une envie qui est très loin d’avoir disparu – et bien au-delà du seul domaine militaire. Et ce, d’autant plus que les modèles prétendument alternatifs, singulièrement le modèle russe, montrent aujourd’hui toutes leurs limites.
Avec le recul, quelle part la Russie a-t-elle justement jouée dans la série de coups d’État au Sahel ces dernières années ?

La Russie a mené – et continue de mener – des manœuvres d’ingérence et informationnelles visant à dénaturer les raisons de l’investissement français en Afrique en propageant un discours dénonçant le néocolonialisme et en occultant le fait qu’elle-même, au travers de ses groupes paramilitaires, se comporte justement de la sorte. Indéniablement, la Russie a préparé le terrain à une expression antifrançaise, même si les coups d’État répondaient à des logiques différentes selon les pays et relevaient, pour une grande partie, de dynamiques internes.
Nicolas Lerner, patron de la Direction générale de la sécurité extérieure, au siège de la DGSE, caserne Mortier (Paris 20e), le 15 novembre 2024. © Khanh Renaud pour « Le Point »
La reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental a-t-elle compromis nos relations avec les services algériens ?
Le président de la République a récemment fait le choix d’ouvrir une nouvelle page dans la relation de notre pays avec le royaume du Maroc. La coopération de la DGSE avec les services de sécurité de ce pays s’inscrit pleinement dans le cadre de ce partenariat d’exception. Dans le même temps, la France continue de considérer que ses relations avec l’Algérie sont d’importance et d’intérêt mutuel majeurs. Dans le domaine du renseignement, il n’est dans l’intérêt ni de la France ni de l’Algérie de rompre les contacts.
La guerre entre Israël et le Hezbollah accélère-t-elle les tentatives de l’Iran de se doter de la bombe atomique ?
La cinétique des conflits peut aujourd’hui accroître l’intérêt de se doter de l’arme atomique. Au Proche-Orient, les conséquences d’un Iran nucléaire pour notre sécurité et la stabilité de la région seraient extrêmement graves. Tout est fait pour l’éviter. La posture publique des autorités iraniennes, qui indiquent que l’Iran ne souhaite pas se doter de l’arme atomique, n’a pas changé. Néanmoins, le contexte régional a conduit mon service, en partenariat avec nos principaux partenaires concernés, à renforcer les moyens de suivi de l’activité proliférante iranienne.
Face à des États, comme la Chine ou la Russie, qui comptent plusieurs dizaines de milliers d’agents de renseignement et toujours plus de moyens, les services français ne sont-ils pas condamnés à être distancés ?
Sous l’impulsion du président de la République, les efforts consentis par l’État au bénéfice de la communauté du renseignement sont massifs. Depuis 2017, et à l’image de la DGSI, mon ancien service, la DGSE a accru ses effectifs de plus de 1 000 agents. Dans le cadre de l’actuelle loi de programmation militaire, portée et défendue par le ministre des Armées Sébastien Lecornu, ce sont plus de 700 postes supplémentaires qui seront ouverts. Je ne crois pas qu’il y ait, au sein de l’État, une seule administration qui a connu une telle croissance de ses moyens depuis dix ans !

Dans un monde hyperconnecté, le travail de tout agent à l’étranger est également rendu plus risqué.
La DGSE a, en parallèle, bénéficié d’un quasi-doublement de ses capacités d’investissement depuis 2017, et cela, sans évoquer le projet de déménagement de son siège de la caserne Mortier au fort de Vincennes. Cet effort sans précédent nous oblige. Entre services de renseignement, la guerre des clans appartient à l’histoire. La coopération, l’intimité opérationnelle : voilà ce qui fonde notre quotidien, à tous les niveaux, dans le cadre du pilotage stratégique exercé par le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT). L’ensemble de la communauté du renseignement bénéficie par ailleurs des investissements technologiques réalisés par la DGSE.
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et Nicolas Lerner, patron de la Direction générale de la sécurité extérieure, au Fort-Neuf de Vincennes (Val-de-Marne), futur siège de la DGSE, le 12 novembre 2024. © Khanh Renaud pour « Le Point »
Sur un plan technologique, sommes-nous vraiment encore au niveau ?
On me demande souvent ce qui m’empêche de dormir. Je réponds que ce n’est plus l’état du monde, car, dans ce cas, je serais malheureusement en insomnie permanente… Ce qui me préoccupe jour et nuit, c’est plutôt de passer à côté d’une rupture technologique. Quand on est à la tête d’un service comme la DGSE, quand on connaît son histoire et qu’on mesure l’engagement de ses agents, on doit avoir une priorité : leur donner les moyens de pouvoir travailler durablement le plus efficacement possible. Le jour où je quitterai mes fonctions, je ne veux pas me dire que j’ai raté une marche dans le domaine technologique.
Dans quelle mesure l’intelligence artificielle change-t-elle votre métier ?
Le ministre des Armées a conçu et engagé un plan d’investissement massif dans ce domaine, qui s’applique évidemment à la DGSE. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée tout à la fois pour orienter nos capteurs mais aussi pour exploiter notre production en tentant de faire apparaître des éléments que l’esprit humain ne serait pas capable de mettre en évidence, ou à qui cela prendrait un temps incompatible avec le temps du renseignement. Nos premiers cas d’usage donnent très grande satisfaction.
Le renseignement humain devient-il moins important ?
Indéniablement, le recueil de renseignements humains est aujourd’hui rendu plus compliqué. Alors que les circuits de prise de décision sont de plus en plus resserrés à l’étranger, pénétrer en leur cœur est de plus en plus ardu. Dans un monde hyperconnecté, le travail de tout agent à l’étranger est également rendu plus risqué. Mais, comme dans tout grand service de renseignement, la recherche de sources humaines reste au cœur de notre activité.
Arrivez-vous à recruter les profils que vous souhaitez ?
La question des ressources humaines est capitale car il nous faut séduire et conserver les meilleurs profils, les meilleurs talents. Beaucoup de jeunes sont attirés par les opportunités offertes par la DGSE, la diversité des métiers, le sens de la mission. La clé est de les fidéliser, dans un univers très compétitif. Un jeune qui entre à la DGSE ne se dit plus nécessairement qu’il y fera quarante ans de carrière. Il faut donc accepter de le laisser partir au bout de quelques années, d’aller voir ailleurs… pour, éventuellement, le voir revenir plus tard, plus fort, riche d’une nouvelle expérience. Je considère que, notamment dans le domaine technique, la DGSE est très compétitive. Elle doit absolument le rester.
Depuis le succès de la série Bureau des légendes, de plus en plus d’anciens publient des livres, racontent leur expérience, etc. Est-ce compatible avec votre exigence de clandestinité ?
Quand on fait une carrière à la DGSE, on vit des choses hors du commun. La tentation de le raconter, dans un cadre privé ou plus élargi, est humaine, mais elle peut conduire à la mort du renseignement. Or nos effectifs tournent, certains partent à la retraite, changent d’emploi… C’est donc un vrai sujet sécuritaire, comme pour tous les services du monde. Pour ma part, j’assume une ligne extrêmement sévère, qui ne doit pas souffrir d’exception : quiconque évoque son activité à « la boîte » sans autorisation doit faire l’objet de poursuites et de sanctions. En effet, au-delà de telle ou telle affaire, c’est l’ensemble de notre maison qu’il fragilise.
par | Nov 30, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
Des troubles se préparent au Tadjikistan
Cette nation d’Asie centrale peu connue, fossile vivant de l’autocratie de l’ère soviétique, est aux prises avec une série de défis sécuritaires et économiques déstabilisateurs.

Après 32 ans au pouvoir, le président EmomaliRahmon se prépare à transmettre le pouvoir au Tadjikistan à son fils et à consolider le contrôle au sein du clan familial. © Getty Images
En un mot
- Le Tadjikistan est lié à une souche virulente de terrorisme, qui inquiète ses voisins
- La transition de leadership vise à établir une dynastie régnante héréditaire
- Des doutes subsistent quant à la capacité du Tadjikistan à contenir les militants islamistes
Située au cœur des montagnes du Pamir, en Asie centrale, entre l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, la Chine et l’Afghanistan, la République du Tadjikistan est un endroit que peu de personnes extérieures à la région ont visité et que beaucoup ne peuvent même pas localiser sur une carte. Pourtant, les événements récents ont mis en lumière des raisons géopolitiques importantes qui justifient de prêter attention aux développements dans le pays.
La première et la plus dramatique de ces raisons s’est produite le 22 mars 2024, lorsque des terroristes ont attaqué l’ hôtel de ville Crocus à Moscou , faisant 145 morts. Quatre ressortissants tadjiks ont été arrêtés en lien avec l’attaque. Tous étaient affiliés au groupe militant État islamique de la province du Khorasan, communément appelé ISIS-K, basé dans le nord de l’Afghanistan.
Expulsion des Tadjiks de Russie
La conséquence immédiate de l’attaque a été l’expulsion massive de ressortissants tadjiks de Russie. Le 6 août, la ministre du Travail, des Migrations et de l’Emploi du Tadjikistan, GulnoraHasanzoda, a déclaré qu’au cours des six premiers mois de 2024, la Russie avait expulsé plus de 17 000 travailleurs migrants tadjiks. Craignant une escalade de la xénophobie et du harcèlement déjà importants, de nombreux autres Tadjiks ont choisi de quitter la Russie volontairement. Le 10 septembre, l’ambassade du Tadjikistan à Moscou a émis un avertissement à ses citoyens contre tout voyage en Russie. Compte tenu de l’importance des transferts de fonds des travailleurs migrants en Russie pour l’économie tadjike, cette nouvelle est regrettable.
Les liens entre le Tadjikistan et la Russie ne se sont pas limités à ses relations avec le terrorisme. L’attentat de mars à Moscou a fait suite à un attentat suicide dans la ville iranienne de Kerman , qui a fait 96 morts en janvier. Cet attentat visait une cérémonie commémorative en l’honneur du commandant du Corps des gardiens de la révolution iranienne, QassemSoleimani, tué dans une frappe de drone américaine près de l’aéroport de Bagdad. L’attentat de Kerman aurait également été perpétré par des militants tadjiks affiliés à l’EI-K.
Faits et chiffres
Tadjikistan
- Capitale : Douchanbé
- Superficie : 143 100 kilomètres carrés (55 300 milles carrés) ; environ 25 % plus grand que la Bulgarie ; plus de 90 % du pays est montagneux
- Population : Environ 10,6 millions ; le principal groupe ethnique est celui des Tadjiks (environ 79,9 %), suivi des Ouzbeks (15,3 %), des Russes (1,1 %) et des Kirghizes (1,1 %)
- Religion : 97,5% de la population adhère à l’Islam
- Industries clés : production d’aluminium et agriculture, notamment coton.
- PIB nominal, 2023 : environ 12,06 milliards de dollars ; PIB par habitant (PPA) : environ 5 300 dollars
- Taux de croissance du PIB : 8,3 % en 2023, avec une prévision de croissance de 6,5 % en 2024 et 2025
Source : Banque mondiale, CIA World Factbook
Pour les dirigeants de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui accorde une grande importance à la sécurité régionale, ces évolutions représentent un danger clair et actuel. Lorsque l’organisation s’est réunie pour sa réunion annuelle à Astana, au Kazakhstan, le 4 juillet 2024, la montée du terrorisme, liée à la menace croissante pour la stabilité régionale émanant de l’Afghanistan dirigé par les talibans, était au cœur des préoccupations. L’acceptation antérieure par le groupe de l’Iran comme membre à part entière en juillet 2023 rend cette question encore plus pressante.

Les Tadjiks représentent environ 80 % de la population du Tadjikistan et environ 27 % de la population de l’Afghanistan, où ils exercent une influence considérable sur les questions politiques, militaires et économiques. © GIS
Liens avec l’Afghanistan
Ces observations se combinent pour présenter une deuxième raison, connexe, pour laquelle le Tadjikistan mérite une attention plus particulière. Parmi les cinq pays qui composent l’Asie centrale, communément appelés « les Stans », le Tadjikistan se distingue par ses liens étroits avec l’Afghanistan. Alors que les quatre autres pays sont turcophones et partagent des racines communes dans cette tradition, les Tadjiks parlent le farsi et ont des liens culturels et historiques avec l’Afghanistan. Bien que les estimations varient, on estime que les Tadjiks constituent plus d’un quart de la population afghane. En fait, il y a plus de Tadjiks en Afghanistan qu’au Tadjikistan même.
Les deux pays partagent une longue frontière à travers un terrain montagneux accidenté qui présente des opportunités importantes pour le trafic de drogue et l’infiltration de terroristes. Cette situation est l’une des principales raisons pour lesquelles la Chine maintient une base militaire au Tadjikistan, sa première base militaire pleinement opérationnelle en dehors de son propre territoire. Les troupes de cette base effectuent des patrouilles conjointes avec les forces frontalières tadjikes, et Pékin a investi dans le renforcement de la sécurité à la frontière tadjike . On craint que les groupes islamistes n’aggravent l’instabilité dans la région du Xinjiang, à l’extrême est de la Chine , déjà en proie à des troubles, qui borde l’Afghanistan.

Kashgar, province du Xinjiang, janvier 2022 : des policiers chinois patrouillent à la frontière entre la Chine et le Tadjikistan. © Getty Images
Les liens entre le Tadjikistan et l’Afghanistan sont devenus particulièrement évidents pendant la guerre lancée par les États-Unis et leur coalition pour démanteler les talibans en représailles à leur abri des terroristes responsables des attentats du 11 septembre. L’Alliance du Nord, dont le chef, Ahmad Shah Masoud, était un Tadjik originaire du nord de la vallée du Panshir, était un allié important des États-Unis en Afghanistan.
Après le retrait précipité des forces américaines d’Afghanistan et le retour au pouvoir des talibans, la branche afghane affaiblie de l’Etat islamique (ISIS-K) a étendu sa présence dans les régions frontalières avec le Tadjikistan, où les Tadjiks sont majoritaires. Bien que le nombre de membres de l’ISIS-K ne soit pas estimé à plus de 4 000 à 6 000, membres des familles compris, la menace d’une implantation du groupe au Tadjikistan est réelle. Une question cruciale est de savoir si le gouvernement peut efficacement faire face à la menace islamiste. Cette situation alimente une troisième raison politiquement importante qui justifie de suivre de près les événements actuels dans le pays : le pays est confronté à une transition politique.
Une transition de pouvoir sensible
Pour les pays où la démocratie est faible ou absente, les changements de dirigeants sont des moments de vérité. Les hommes forts qui se maintiennent au pouvoir pendant de longues périodes privilégient généralement leur propre sécurité et nourrissent souvent l’ambition d’établir une dynastie héréditaire. La Corée du Nord illustre les conséquences politiques et économiques extrêmes de la création d’une autocratie héréditaire.
Les cinq pays d’Asie centrale partagent des traditions historiques communes de structures claniques et de pouvoir irresponsable. Même si l’on met de côté le cas notable du Kirghizistan – qui s’est distingué par des élections contestées – les trois plus grands pays, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, offrent des exemples de la manière dont les élites peuvent s’entendre sur une transition ordonnée vers un nouveau leadership non héréditaire, bien que dans des contextes et des délais différents.
Le Tadjikistan a une longue histoire de répression sévère de l’islamisme militant.
Le Tadjikistan est le dernier des « Stans » à entreprendre une transition vers un nouveau gouvernement. Contrairement aux transitions précédentes dans ce groupe de pays, le processus au Tadjikistan risque d’être semé d’embûches.
Le président sortant EmomaliRahmon est au pouvoir depuis 1992 et est le dernier dirigeant de l’époque de l’influence soviétique en Asie centrale. Il semble déterminé à assurer la transmission du pouvoir à son fils, RustamEmomali. Ces derniers mois, une répression importante a visé des personnalités de l’opposition politique, des membres éminents des médias et même des commandants militaires légendaires de la guerre civile tadjike (1992-1997).
La longue répression
Bien que des arrestations aient été effectuées en réponse à une tentative de coup d’État présumée, les procureurs ont du mal à présenter un dossier crédible. L’instigateur présumé, SaidjafarUsmonzoda, député parlementaire et ancien chef du Parti démocratique du Tadjikistan, est associé à un parti qui a toujours fonctionné comme une opposition modérée et n’a jamais représenté une quelconque forme de menace pour le régime. Cependant, il a été accusé d’avoir conspiré avec des membres de l’opposition en exil.
Le Tadjikistan a une longue tradition de répression contre l’islamisme militant. Cette politique comprend la fermeture aléatoire de mosquées, l’imposition d’amendes aux femmes portant le hijab, le rasage forcé de la barbe des hommes et l’interdiction aux parents de donner des noms arabes à leurs enfants. Cette longue répression a commencé en septembre 2015 lorsque le gouvernement a accusé le Parti de la renaissance islamique du Tadjikistan d’être impliqué dans une tentative de coup d’État islamiste. Bien qu’aucune preuve crédible n’ait été présentée, le parti a été qualifié d’organisation terroriste et interdit de participer à la vie politique.
En mai 2015, GulmurodKhalimov, chef des forces spéciales du Tadjikistan, a fait défection au sein de l’EI. Dans une vidéo publiée sur YouTube, il a déclaré que la répression menée par le gouvernement contre les musulmans avait motivé sa décision. La défection de M. Khalimov était importante en raison de son poste de haut rang en tant qu’officier militaire et de sa formation antérieure aux tactiques de lutte contre le terrorisme aux États-Unis et en Russie. Une récompense pouvant aller jusqu’à 3 millions de dollars était offerte pour toute information menant à sa capture. Il aurait été tué en Syrie en septembre 2017.
Parallèlement, le gouvernement du Tadjikistan réprime la minorité pamirienne qui réside dans la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), située à l’est du pays. Cette région, qui borde la Chine et l’Afghanistan, abrite plusieurs groupes ethniques qui pratiquent l’islam chiite, contrairement à la majorité sunnite des Tadjiks. Les Pamiriens n’ont pas été officiellement reconnus comme minorité, ce qui a conduit à une répression systématique.
Ce conflit a atteint son paroxysme en mai 2022, lorsqu’une manifestation pacifique a été violemment réprimée par la police et les forces de sécurité. Au cours des semaines suivantes, des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines d’autres arrêtées. Si la répression des droits de la minorité pamirie a une dimension religieuse, il semble que la répression en cours soit principalement motivée par le désir d’écraser l’opposition au régime plutôt que par la peur pure et simple de l’islam militant.
Scénarios
L’évolution de la situation au Tadjikistan peut prendre deux directions très différentes.
Plus probable : l’autocratie héréditaire est établie
Ce scénario est soutenu par une croissance économique robuste , tirée par l’augmentation des revenus des exportations d’or et par une forte augmentation des dépenses d’infrastructure. En 2023, le produit intérieur brut (PIB) du Tadjikistan a augmenté de 8,3 %, les prévisions indiquant un taux de croissance continu de 6,5 % pour 2024 et 2025.
Le scénario le plus probable est que le plan de transition du président réussisse, ce qui permettrait au gouvernement de conserver suffisamment de ressources pour satisfaire ses fidèles et empêcher un coup d’État. Cependant, cette stabilité est fragile, et Moscou et Pékin surveilleront de près tout signe d’influence croissante de l’EI-K parmi les jeunes pauvres des zones rurales.
Les risques sont nombreux. La perte des transferts de fonds des travailleurs migrants constitue une menace sérieuse pour l’économie. La Banque mondiale a mis en garde contre une baisse potentielle des transferts de fonds en raison de l’escalade des tensions mondiales et du durcissement des politiques migratoires en Russie, où travaillent de nombreux Tadjiks.
En outre, la sécurité énergétique est menacée. Le réchauffement climatique a provoqué la fonte des glaciers, ce qui a réduit l’approvisionnement en eau pour la production d’énergie hydroélectrique, principale source d’énergie du Tadjikistan. En conséquence, le pays est confronté à un rationnement récurrent de l’électricité pendant les mois d’hiver. Cette année, le rationnement a commencé le 22 septembre, soit un mois plus tôt que d’habitude. La sécurité alimentaire est également un problème urgent. La croissance démographique rapide combinée à une pénurie de terres arables a entraîné une dépendance croissante aux importations alimentaires. Cela expose le pays aux risques de perturbations potentielles de la chaîne d’approvisionnement ou de hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires.
Un autre danger pour le régime réside dans le risque d’une dégradation des performances économiques en cas de basculement vers une autocratie dynastique. La majorité de la population vivant au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté, la détérioration des conditions de vie pourrait pousser les gens à se tourner vers l’islamisme militant. En réponse, le régime est susceptible de réagir avec sévérité à ces menaces.
Les membres de la dynastie émergente semblent avoir fermement le contrôle du pays, les médias d’État présentant le président Rahmon comme le « garant de la paix et de la stabilité » tout en préparant son fils à lui succéder. À la tête de la chambre haute du Parlement, RustamEmomali constitue sa propre équipe pour cette transition. Pendant ce temps, la fille aînée du président, Ozoda, occupe le poste de chef de cabinet, et son mari est un banquier influent ; ses autres filles et leurs épouses occupent des postes clés dans les principaux secteurs économiques.
Moins probable : échec du régime
Le scénario alternatif est celui d’un effondrement du régime sans aucun concurrent viable prêt à prendre la relève. Le régime pourrait être sérieusement mis à mal par une aggravation de la pauvreté sociale et économique conduisant à une insurrection populaire, ou par un soulèvement ethnique au Haut-Badakhchan qui se propagerait à l’échelle nationale.
Mais la plus grande menace vient des défections possibles au sein de l’armée, comme celle du commandant Khalimov en 2015. De telles défections pourraient faciliter une infiltration accrue de l’EI-K, ce qui déclencherait une intervention militaire de l’OCS. La Chine et la Russie ont toutes deux des troupes au Tadjikistan qui pourraient être sollicitées par le régime pour aider à rétablir l’ordre.
par | Nov 30, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
Delta Force : l’unité d’élite des forces spéciales prête à intervenir n’importe où et à tout moment
La Delta Force, officiellement connue sous le nom de Détachement opérationnel des forces spéciales Delta, est la principale unité de lutte contre le terrorisme et de sauvetage d’otages de l’armée américaine. Elle a été créée à la fin des années 1970 par l’officier béret vert Charlie Beckwith.
Résumé et points clés : La Delta Force, officiellement connue sous le nom de Détachement opérationnel des forces spéciales Delta, est la principale unité de lutte contre le terrorisme et de sauvetage d’otages de l’armée américaine, créée à la fin des années 1970 par l’officier béret vert Charlie Beckwith. Calquée sur le SAS britannique, la Delta est divisée en quatre escadrons Sabre spécialisés dans divers ensembles de missions d’opérations spéciales.

-Les candidats retenus suivent ensuite un cours de formation d’opérateur de six mois (OTC), principalement axé sur le combat rapproché (CQB). Même après avoir terminé la formation, les opérateurs restent sous surveillance continue.
Delta Force : maîtres du contre-terrorisme et de la libération d’otages
En ce moment même, alors que vous êtes assis et que vous lisez cet article, il existe une unité d’opérations spéciales prête à répondre à tout incident de terrorisme ou de sauvetage d’otages dans le monde à tout moment.
Bien que l’unité préfère rester dans l’ombre, là où elle fait le mieux son travail, ses exploits au fil des ans et le désir du public d’avoir des récits de casse-cou rendent cela presque impossible.
Détachement opérationnel des forces spéciales-D
La Delta Force, ou Détachement opérationnel des forces spéciales D, est l’ unité de missions spéciales d’action directe de l’armée chargée des missions de contre-terrorisme et de sauvetage d’otages .
Créée à la fin des années 1970 par le légendaire officier des Bérets verts Charlie Beckwith, la Delta Force était une réponse aux incidents terroristes répétés dans le monde dans les années 1970 et 1980. Calquée sur le 22e Special Air Services (SAS) britannique, la Delta Force comprend quatre escadrons Sabre (A, B, C et D), chacun comptant trois troupes (deux d’assaut, un de tireur d’élite/reconnaissance).
La Delta Force a participé à presque toutes les grandes et petites interventions militaires américaines au cours des 50 dernières années.
Au-delà de son expertise en matière de lutte contre le terrorisme et de libération d’otages, Delta Force est spécialisée dans un large éventail d’autres missions d’opérations spéciales , notamment la reconnaissance spéciale, la défense intérieure étrangère, la guerre non conventionnelle, la lutte contre la prolifération et la lutte contre les armes de destruction massive. Son gagne-pain, cependant, consiste à éliminer les méchants ou à libérer des otages partout dans le monde.

Le premier véritable obstacle à franchir pour rejoindre la Delta Force est le processus de sélection. Assessment&Selection, ou A&S, est l’une des sélections d’opérations spéciales les plus difficiles au monde. Elle se déroule dans les belles montagnes de Virginie-Occidentale et implique des itinéraires de navigation de plus en plus longs avec des dizaines de kilos d’équipement. Le processus se termine par une marche chronométrée de 40 miles sur un terrain accidenté et montagneux. Bien que la plupart des candidats qui postulent pour rejoindre les rangs d’élite de la Delta Force viennent de la communauté des opérations spéciales, en particulier des Rangers et des Bérets verts, seul un très petit nombre parvient à terminer A&S.
Le voyage ne s’arrête pas là.

Le cours de formation des opérateurs, ou OTC, vient ensuite. Il dure environ six mois et soumet les candidats aux rigueurs du métier d’opérateur de la Delta Force. Une grande importance est accordée aux compétences de combat rapproché, ou CBQ, que l’unité utilise dans ses missions de lutte contre le terrorisme et de sauvetage d’otages. Les quelques-uns qui arrivent au bout – il n’est pas rare d’avoir des classes avec un ou deux diplômés – sont affectés à un escadron Sabre. Mais l’examen ne s’arrête pas là. Les nouveaux opérateurs sont en période d’essai jusqu’à ce qu’ils puissent prouver qu’ils ont les compétences et l’attitude nécessaires pour servir à la pointe de la lance. Comme le disent souvent les opérateurs de la Delta Force , « la sélection est un processus continu ».
par | Nov 30, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
HUMINT vs SIGINT : le grand débat sur le renseignement
« Un don de Dieu pour le SIGINT ! »
Au début de ma carrière, j’ai été dans une école de leadership du renseignement où les pelotons étaient divisés en différentes disciplines, du renseignement humain (HUMINT) , au renseignement géospatial (GEOINT) , en passant par toutes les sources et ma propre profession, le renseignement des signaux (SIGINT) , entre autres. Chaque matin, le peloton HUMINT chantait « Un don de Dieu pour le SIGINT !
J’ai levé les yeux au ciel. Après tout, je n’avais jamais vu aucun d’entre eux recruter ou gérer une source, et encore moins être capable de parler à une fille dans un bar. La majorité du traitement des sources est laissée aux agences de la soupe alphabétique et non pas au jeune de 20 ans dont le premier emploi est de collecter des HUMINT. Mais cet article n’a pas pour but de dire que l’une est meilleure que l’autre, mais d’expliquer les deux dans un contexte opérationnel.
1 SIGNAL
Selon la NSA,
« Le SIGINT est un renseignement dérivé de signaux et de systèmes électroniques utilisés par des cibles étrangères, tels que les systèmes de communication, les radars et les systèmes d’armes, qui offre à notre nation une fenêtre vitale sur les capacités, les actions et les intentions des adversaires étrangers. »
Il s’agit d’une discipline de renseignement hautement technique qui laisse peu de place à l’erreur – même si j’ai pu observer des travaux d’analyse assez paresseux au cours de ma vie. Même les renseignements parfaitement obtenus par l’IA peuvent être faussés par des biais et même par un manque de sommeil.

Une formation analytique appropriée peut ternir n’importe quelle discipline du renseignement. Si vous avez déjà scanné les fréquences d’un talkie-walkie et vous êtes arrêté pour écouter deux autres personnes parler en clair, félicitations, vous avez effectué un SIGINT. Si le SIGINT existe depuis l’avènement de la radio, le HUMINT a été la première discipline du renseignement à voir le jour.
2 HUMINT
Le Bureau du Directeur du Renseignement National considère le HUMINT comme la plus ancienne méthode de collecte de renseignements, et ce à juste titre. L’espionnage à l’ancienne consistait à transformer des personnes en agents doubles . Il s’agissait de trouver un individu au sein d’une organisation de guérilla ou d’un gouvernement pour transmettre des informations à l’autre camp. L’une des plus anciennes formes connues de confirmation de cible par le HUMINT était sans doute celle de Judas embrassant Jésus. Ce type de renseignement est bibliquement ancien.

Intelligence humaine et Intelligence électromagnétique –Agents de traitement des dossiersrecruter des sources HUMINT afin de recueillir des renseignements.
Aujourd’hui, la collecte de renseignements humains est devenue un sujet de prédilection à Hollywood – James Bond en est le fruit à portée de main (il avait même son homologue SIGINT dans Q), mais il y a aussi ces jeunes de Spy Kids 1-5 et Kevin James dans TrueMemoirs of an International Assassin. L’HUMINT et l’espionnage que nous voyons dans les films ne sont pas la même chose. [ Source ]
3 Big Brother vous surveille
Le SIGINT est parfois évoqué dans des films comme ZeroDarkThirty, où un homme avec un ordinateur est assis à l’arrière d’un véhicule qui traverse une place de marché à toute vitesse pour poursuivre une cible. Mais même dans ce cas, la vedette du spectacle est l’interrogateur de la CIA, qui est un collecteur d’HUMINT expérimenté. Le SIGINT est également représenté dans Snowden, mais son existence même est diabolisée et associée à un gouvernement néfaste de type Big Brother. Dans le monde réel des opérations de combat, une discipline confirme souvent l’autre, et elles ne peuvent exister sans l’autre. L’une entraîne l’autre dans une symbiose qui, si elle est appliquée correctement, peut produire des résultats incroyablement efficaces.
4 Cycle de renseignement de la CIA
Selon l’endroit où vous regardez, vous verrez un certain nombre de versions très similaires d’un cycle de renseignement communément accepté. La CIA énumère les étapes de ce cycle comme suit :
- Planification et direction
- Collection
- Traitement
- Analyse et production
- Dissémination.
La manière dont chaque étape du cycle se présente diffère quelque peu selon les disciplines du renseignement.
5 Cycle de ciblage également appelé F3EAD
J’aime utiliser un acronyme populaire dans la communauté des opérations spéciales appelé F3EAD.
- Trouver
- Réparer,
- Finition
- Exploiter
- Analyser
- Disséminer
Tant le HUMINT que le SIGINT peuvent adapter leurs compétences à ce processus. De nombreuses armées occidentales utilisent ce cycle pour des opérations létales. Toutes les opérations létales commencent par des renseignements, et l’exploitation et l’analyse conduisent inévitablement à des opérations de suivi. Dans F3EAD, le HUMINT et le SIGINT doivent fonctionner main dans la main. Sans entrer dans les détails techniques, il serait difficile d’exposer ici la manière dont chaque discipline exécute les étapes. Cependant, aucune n’a de supériorité sur l’autre. Différents outils sont disponibles pour que le commandant puisse accomplir la mission à sa guise.
5.1 HUMINT en tant qu’élément de F3EAD
Le ciblage HUMINT commence par le choix du sujet. Cela résulte de l’observation OSINT de sa personnalité en ligne, ainsi que de la surveillance physique. Vous devez rassembler tout ce que vous pouvez sur le sujet pour déterminer si son potentiel en tant qu’atout mérite votre temps et vos efforts, et si oui, comment le recruter efficacement.

5.2 SIGINT en tant que partie de F3EAD
De même, les premières étapes du ciblage SIGINT consistent à définir les besoins de collecte, puis à décider de la marche à suivre dans votre plan de collecte. Ces besoins varieront en fonction de l’objectif global de la mission et de l’identité de votre ennemi. La protection de la force SIGINT par rapport à la collecte offensive SIGINT sont très différentes, tout comme la détection SIGINT contre une petite organisation extrémiste par rapport à une menace de même niveau.
Le HUMINT est la domination du monde que vous pouvez voir, des interactions et des comportements humains. Le SIGINT est la domination du monde que vous ne pouvez pas voir, des données nébuleuses qui circulent à travers le spectre RF à différentes fréquences.
6 « Règles d’engagement au niveau du théâtre »
Alors que la représentation populaire des opérations de renseignement dépeint un agent solitaire dans un pays étranger effectuant seul toutes les tâches du renseignement, la réalité est que les opérations de toute discipline sont compartimentées et beaucoup plus restrictives.
À grande échelle, il existe des lois fédérales et internationales que l’on doit respecter. À partir de là, les règles d’engagement au niveau du théâtre et les directives des commandants dictent tout ce que l’on fait. Dans un pays étranger, à tout moment, d’autres services de renseignement opèrent également dans et autour de la même zone d’opérations.
Cela est non seulement important pour déconflicter les conflits, mais aussi pour réaliser que vos activités ouvertes et secrètes sont surveillées et reflétées, et que vous pouvez être la cible de collectes de renseignements adverses. C’est là que la sécurité opérationnelle vous dicte de faire plusieurs choses. Cela peut inclure laisser votre téléphone à la maison, ne pas utiliser d’appareils GPS commerciaux en mission et désactiver le Bluetooth malgré votre envie d’utiliser ce haut-parleur dans le véhicule. Toutes vos activités sont surveillées de la même manière que vous surveillez l’ennemi.
7 Extravertis vs Introvertis ?
Vous êtes peut-être arrivé jusqu’ici et vous envisagez une carrière dans le renseignement, mais vous hésitez entre le renseignement humain et le renseignement électromagnétique. Il y a quelques éléments à prendre en compte concernant votre propre personnalité. En général, le renseignement humain est destiné aux extravertis et le renseignement électromagnétique aux introvertis. Être extraverti n’est peut-être pas une condition préalable à une carrière dans le renseignement humain, mais cela aide certainement. L’intelligence humaine consiste avant tout à établir des liens avec les autres. Est-il facile pour vous de vous lier d’amitié avec un inconnu ? D’engager une conversation avec un groupe de personnes dans un bar que vous ne connaissez pas ? Êtes-vous doué en langues étrangères ? La liste est longue.
La personnalité n’est pas aussi importante pour un professionnel du SIGINT, à moins que vous ne fassiez partie d’opérations spéciales ou d’une unité qui se concentre sur la collecte au sol plutôt que sur l’analyse ou la collecte en masse. La majorité du SIGINT est effectuée loin des regards indiscrets dans ce que l’on appelle une installation d’information compartimentée sensible au SCIF. J’évite cet endroit autant que je peux, j’aime la lumière du soleil. Je m’égare… Si vous êtes un expert en informatique et que vous connaissez des langages comme SQL ou Python, le SIGINT peut être fait pour vous. Il n’y a pas d’ordinateur dans le HUMINT, à part la rédaction de rapports.
8 La vie après le service
Une autre possibilité serait de travailler dans le civil, en supposant que vous fassiez ce travail pour le gouvernement fédéral et que vous ne souhaitiez pas le faire avant votre mort. Le SIGINT offre de nombreuses opportunités à l’extérieur, mais il s’agit à 99 % d’emplois sous contrat avec le gouvernement. En raison de la nature du travail SIGINT, il doit être relégué à cette sphère. Cependant, une exception est que certains travaux SIGINT sont effectués par les services de police. Cependant, je ne connais personnellement aucun SIGINTer qui souhaite aller travailler pour son service de police local.
8.1 Emploi du SIGINT après le service
Cependant, les compétences analytiques nécessaires pour réaliser une bonne analyse SIGINT sont applicables sur diverses plateformes. SIGINT est également une passerelle vers la cybersécurité et l’informatique. Beaucoup de mes collègues ont fait cette transition et ce n’est pas un pont trop loin.
Avec des certifications en :
- Python
- SQL
- CompTIA
- Sécurité +
Ils ont tous trouvé un emploi lucratif en tant que civil simplement en élargissant leur boîte à outils pour devenir certifiés dans les domaines auxquels ils étaient exposés et avec lesquels ils avaient de l’expérience en tant qu’opérateur SIGINT.
8.2 Emploi HUMINT après le service
En revanche, le HUMINT n’offre que peu de possibilités d’emploi, à moins que vous ne souhaitiez postuler pour une agence de premier plan et faire travailler des sources à l’étranger – ce qui n’est pas garanti. Même le monde obscur de l’espionnage d’entreprise est dirigé par des analystes, des experts en données et des titulaires de MBA d’universités de l’Ivy League, et non par d’anciens opérateurs du HUMINT. J’ai eu quelques anciens collègues qui ont fait leur entrée dans le monde de l’enquête privée grâce au HUMINT, mais cela reste un cas isolé.

Comme pour toute spécialité professionnelle militaire (MOS), les compétences acquises lors de votre formation professionnelle ne s’intègrent pas toujours parfaitement dans un emploi civil. Vous devez travailler à créer un ensemble de compétences qui couvre plusieurs domaines. Le véritable professionnel du renseignement doit être un touche-à-tout, avec une expérience dans toutes les disciplines du renseignement.
8.3 Transition vers le secteur privé
La transition du secteur des services vers le secteur privé s’accompagne de deux défis immédiats dont vous devez être conscient.
- La manière dont vous avez mené vos activités de renseignement au cours des dernières années pourrait être différente de celle dont votre nouvel employeur s’attend à ce qu’elles soient menées. Tout n’est pas simplement axé sur les résultats. Suivre un flux de travail ou une méthodologie inconnue vous obligera à vous adapter rapidement et à adapter vos compétences aux méthodologies de l’entreprise pour laquelle vous travaillez actuellement. Considérez cela comme une obligation de sortir des sentiers battus. L’adaptabilité est la clé du succès.
- Vous avez peut-être du mal à voir vos compétences servir le but qu’elles remplissaient autrefois. Vous pouvez même aller jusqu’à considérer que vous-même ne sert plus le but que vous remplissiez autrefois. Vous êtes plus que votre service et vous devez trouver un moyen de vous donner un but et un sens qui ne soient pas liés à votre uniforme. C’est la chute de nombreuses personnes qui font la transition et ne peuvent pas sortir de l’état d’esprit militaire et se retrouvent aux prises avec la dépression à cause de cela.
Rappelez-vous toujours que vous êtes plus que votre service.
9 HUMINT + SIGINT = Succès
Quel que soit votre métier au sein de la communauté du renseignement, il peut être extrêmement enrichissant. Il s’agit également d’une fonction très efficace pour tout piloter, des opérations à la politique. Aucune discipline du renseignement n’est meilleure qu’une autre. Cela est vrai de la même manière qu’aucun emploi dans l’armée ne peut exister en vase clos.
Tout le monde et tout doit travailler en tandem pour faire fonctionner les unités, planifier et exécuter les déploiements et les missions individuelles. Il faudrait travailler davantage sur les liens entre HUMINT et SIGINT aux États-Unis afin de créer des flux de travail basés sur la fusion et le partage du renseignement et de ne pas se concentrer sur le débat HUMINT vs SIGINT.
C’est l’égo qui motive la bravade et l’orgueil qui conduit une agence à ne pas parler à une autre. Nous avons vu comment cela s’est produit dans le passé. Pour éviter de futures erreurs et assurer davantage de succès aux missions, de nouveaux savoir-faire basés sur la fusion devraient être inscrits dans la doctrine. J’ai plein d’idées sur la façon de combiner le SIGINT avec les autres disciplines qui seront utilisées pour les conversations basées sur le SCIF. Le cadre est là, il suffit simplement de capitaliser sur les relations et de les utiliser pleinement.
par | Nov 30, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
Bureau du renseignement et de la recherche : David de la communauté du renseignement des États-Unis

Sceau du Bureau du renseignement et de la recherche
Avec moins de 500 employés, le Bureau of Intelligence and Research (INR) est le plus petit membre de la communauté du renseignement des États-Unis . En tant qu’élément du Département d’État américain, sa principale mission est de fournir des analyses de renseignements de toutes sources au Secrétaire d’État et aux diplomates américains pour soutenir la politique étrangère des États-Unis.
En raison de sa petite taille mais aussi de sa puissance, l’INR est comparable à la figure biblique de David qui tue Goliath. [ Source ]
Contrairement à la mission d’autres agences de renseignement américaines, telles que la Central Intelligence Agency (CIA) et la Defense Intelligence Agency (DIA), l’INR est avant tout une institution d’analyse et ne s’occupe pas d’espionnage (collecte de renseignements), de contre-espionnage ou d’actions secrètes. Elle produit plus de 2000 produits d’analyse par an, y compris des contributions au President’s Daily Brief (PDB). Malgré sa taille, l’INR s’est souvent distinguée par la qualité de ses analyses.

Sceau du Département d’État américain
Siège du Département d’État américain
1 Aperçu historique

Créée en 1947, l’INR est la plus ancienne agence de renseignement civile des États-Unis. Elle a été créée à partir de la Research and Analysis Branch (R&A) du Office of Strategic Services (OSS), considéré comme le précurseur de la CIA. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la principale cible de la R&A était l’Allemagne nazie. Après la guerre, en 1945, ses ressources ont été transférées au Département d’État, jetant ainsi les bases de l’INR. [ source , source , source ]
Deux succès majeurs dans le domaine du renseignement
Au fil des ans, l’INR s’est forgé une solide réputation pour la qualité de ses évaluations. Bien qu’elle ne soit pas à l’abri de toute faute, l’INR a été félicitée à plusieurs reprises pour avoir maintenu son analyse malgré le consensus de la CI.
2.1 Analyse de la guerre du Vietnam
« Armée » de seulement deux analystes sur le Nord et le Sud Vietnam en 1961, l’INR estima à juste titre que la lutte du Sud Vietnam contre le Nord était vouée à l’échec en raison du fort soutien du Nord dans les villages. De plus, l’INR avait raison lorsqu’elle estima que la Chine enverrait des troupes au Nord Vietnam et que la campagne de bombardements massifs des États-Unis n’atteindrait pas l’objectif souhaité, à savoir couper les lignes d’approvisionnement. De nombreux analystes étaient des femmes. [ source , source ]
Une étude déclassifiée de 1969 a souligné que, même si l’INR n’avait pas anticipé l’ampleur de l’offensive du Têt de 1968, ses prédictions pendant la guerre du Vietnam étaient plus précises que celles d’autres sources.

Des hélicoptères Bell UH-1D de l’armée américaine transportent par avion des membres du 2e bataillon du 14e régiment d’infanterie de la zone de plantation de caoutchouc de Filhol vers une nouvelle zone de rassemblement, lors de l’opération « Wahiawa », une mission de recherche et de destruction menée par la 25e division d’infanterie, au nord-est de Cu Chi, au Sud-Vietnam, en 1966.
2.2 Invasion de l’Irak
En 2002, l’INR s’est trompée dans son évaluation des capacités de l’Irak en matière d’armes biologiques et chimiques. Cependant, elle était le seul membre de la CI à aller à l’encontre du consensus majoritaire selon lequel l’Irak était déterminé à acquérir des armes nucléaires.

ZAIDON, Irak – Le caporal-chef Norman Sorenson de Warren, en Pennsylvanie, avec le 1er peloton de la compagnie Echo, 2e bataillon, 2e Marines, participe à la fouille d’une école irakienne, en séparant les hommes en âge de servir dans l’armée des femmes et des enfants afin d’interroger les hommes sur les activités des insurgés sur le marché pendant l’opération Trifecta. La 2e division des Marines est déployée à l’appui de l’opération Iraqi Freedom pour mener des opérations de contre-insurrection afin d’isoler et de neutraliser les forces anti-irakiennes ; soutenir le développement continu des forces de sécurité irakiennes ; soutenir la reconstruction irakienne et les élections démocratiques ; et faciliter la création d’un environnement sûr qui permette l’autonomie et l’autogouvernance irakiennes. (Photo officielle du Corps des Marines des États-Unis par le Sgt Paul S. Mancuso, caméra de combat de la 2e division des Marines)
2.3 Résistance ukrainienne
En 2022, l’INR a été la seule agence de renseignement à ne pas être d’accord avec l’évaluation selon laquelle l’Ukraine tomberait quelques jours après une incursion russe. Bien qu’elle ait également surestimé les capacités militaires russes, elle a eu raison d’évaluer la « volonté de se battre » des Ukrainiens, une catégorie intangible mais importante, qui est particulièrement difficile à estimer. Cela dit, l’INR a réussi à utiliser des données de sondage simples et ouvertement accessibles qui ont montré une diminution du soutien à la Russie dans les régions de l’est de l’Ukraine. [ source , source ]
3 Structure et organisation
L’INR conserve une structure relativement plate par rapport aux autres agences, ce qui contribue à son efficacité et réduit le nombre de modifications apportées aux produits de renseignement. L’INR est dirigée par un secrétaire d’État adjoint au renseignement et relève directement du secrétaire d’État. Le budget annuel est de 81,3 millions de dollars. [ source ]
Le Bureau se compose de 13 bureaux d’analyse et de 9 bureaux fonctionnels et politiques, qui fournissent un soutien en matière de renseignement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. La composition de son personnel est unique à l’INR. La majorité d’entre eux sont des fonctionnaires, souvent recrutés dans des universités et des milieux universitaires. Beaucoup d’entre eux sont titulaires d’un doctorat et ont en moyenne 14 ans d’expérience dans leur pays, leur région ou leur spécialité.
Selon un ancien haut responsable de l’INR qui nous a parlé, les années d’expérience du personnel de l’INR (dont certains étaient eux-mêmes des agents du service extérieur) confèrent de la crédibilité à l’analyse du bureau, tandis que le statut de fonctionnaire des analystes assure une certaine continuité. Si de nombreux nouveaux analystes de la CIA et de la DIA manquent d’expérience « sur le terrain » dans la région qu’ils sont chargés d’analyser, de nombreux agents de l’INR ont travaillé dans leur domaine d’expertise et rencontré des décideurs locaux clés avant d’assumer leurs fonctions d’analyste. Le fait de connaître les gens et les lieux de première main donne aux analystes de l’INR une perspective unique. Ce cadre, et la confiance dans l’expertise du personnel, favorisent une atmosphère dans laquelle les gens osent être en désaccord et « faire des vagues ».
(Tance, était habituellement assis à quelques pas seulement du secrétaire d’État.)
3.1 Bureaux d’analyse
- Bureau d’analyse pour l’Afrique
- Bureau d’analyse pour l’Asie de l’Est et le Pacifique
- Bureau d’analyse économique
- Bureau d’analyse pour l’Europe
- Bureau du géographe et des questions mondiales
- Bureau d’intégration analytique
- Bureau d’analyse des affaires du Proche-Orient
- Bureau de recherche d’opinion
- Bureau d’analyse pour la Russie et l’Eurasie
- Bureau d’analyse des affaires sud-asiatiques
- Bureau des questions stratégiques, de prolifération et militaires
- Bureau d’analyse du terrorisme, des stupéfiants et de la criminalité
- Bureau d’analyse pour l’hémisphère occidental
3.2 Bureaux de coordination des renseignements et des politiques
- Bureau de liaison consulaire et de gestion
- Bureau des affaires cybernétiques et des technologies émergentes
- Bureau des opérations et de la surveillance du renseignement
- Centre de politique et de partage
- Bureau des affaires techniques de la collection
3.3 Assistance au Front Office et à l’échelle du Bureau
- Réception de l’INR
- Bureau du directeur général
- Bureau de diffusion analytique
- Technologie et innovation
- Montre INR
3.4 L’expérience professionnelle
Notre contact se souvient d’un échange entre un haut responsable politique et un haut responsable de l’INR :
- Un décideur politique a déclaré avec mépris : « Si vous connaissiez vraiment le sujet, vous pourriez me donner une réponse claire. »
- Réponse de l’INR : « Si vous compreniez vraiment le problème, vous sauriez qu’il n’y a pas de réponse claire. »
La taille réduite de l’agence et le manque de rotations régulières entre les régions affectées limitent les possibilités de promotion, mais permettent d’acquérir des connaissances spécialisées et une meilleure compréhension des problèmes de renseignement. (La CIA et la DIA peuvent faire tourner les analystes entre les comptes tous les deux ou trois ans). [ source , source ]
Notre ancien contact de l’INR a confirmé que les analystes du Bureau sont attirés par le fait qu’ils sont « payés pour réfléchir », qu’ils ont peu de niveaux de bureaucratie et de rédacteurs au-dessus d’eux et qu’ils sont à proximité de leurs clients. (Notre contact, pour plus d’informations
4 Mission et moyens
L’INR se considère comme une « agence de soutien diplomatique ». Son travail vise à produire des renseignements exploitables qui permettent au secrétaire d’État, aux ambassadeurs et aux agents du service extérieur de prendre des décisions éclairées. Son principal produit est le Secretary’s Morning Summary ou Secretary’s Intelligence brief, un produit de type PDB destiné aux besoins du secrétaire d’État. Cela dit, il contribue également au PDB, aux estimations nationales du renseignement et à d’autres produits destinés au Conseil de sécurité nationale et à d’autres décideurs de haut niveau [ source ].
Dans le cadre de ses travaux, l’INR analyse des renseignements de toutes sources, des rapports diplomatiques et ses propres sondages d’opinion publique, souvent réalisés par l’intermédiaire d’agences de sondage locales sous contrat. Le Bureau est le leader des études d’opinion publique étrangères, menant des enquêtes dans le monde entier dans l’intérêt de la politique étrangère américaine [ source ].
En collaborant étroitement avec ses clients (agents du service extérieur), souvent dans le même bâtiment, l’INR est en mesure de fournir des renseignements sur mesure qui contribuent à promouvoir la sécurité nationale et la diplomatie des États-Unis. C’est également le principal point de liaison du département d’État avec le bureau du directeur du renseignement national (ODNI).
La stratégie de renseignement Open Source 2025 récemment publiée par l’INR souligne l’importance du renseignement Open Source (OSINT) pour soutenir sa mission. L’INR entend développer ses capacités dans le domaine de l’OSINT pour améliorer son savoir-faire et faire progresser les intérêts américains

Ambassade des États-Unis à Moscou, Russie
4.1 Soutien diplomatique
Selon les propres dires de l’INR, elle soutient la diplomatie américaine à travers :
- Soutien et coordination de la politique de renseignement
- Analyse et production de renseignements – L’INR est l’une des trois seules agences à effectuer des analyses de toutes les sources.
- Échanges analytiques avec des experts à l’intérieur et à l’extérieur du CI
- Étude d’opinion mondiale
- Géographie et enjeux mondiaux – Représenter les frontières internationales grâce à la cartographie
- Gestion du réseau TS/SCI du Département
- Exploitation d’INR Watch, un centre névralgique de renseignement fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, situé au même endroit que le Centre des opérations du Département d’État

Le secrétaire d’État Antony J. Blinken rencontre le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le 17 janvier 2024. (Photo officielle du département d’État par Chuck Kennedy)
4.2 Suivre son propre chemin
La taille réduite de l’INR signifie qu’ils doivent faire des compromis sur d’autres aspects que les normes analytiques. Comme l’a déclaré notre contact :
« Si vous allez à la CIA, ils vous fourniront un livret de 20 pages avec des visuels et des graphiques, vous feront faire un briefing par cinq personnes et vous montreront une vidéo. Un produit INR peut être un mémo monospace de 2 pages. »
Cela pourrait signifier qu’il faudrait abandonner certaines méthodes d’analyse standardisées, comme les éléments des techniques d’analyse structurées (SAT), qui nécessitent davantage de main-d’œuvre, au profit de méthodes plus informelles, comme les examens internes. Cela dit, le fait que différentes agences de renseignement parviennent à des conclusions différentes n’est pas rare et contribue à un échange de vues plus vivant, malgré le temps supplémentaire nécessaire à la coordination.
5 Conclusion
Dans le monde du renseignement, les ressources ne sont pas toujours déterminantes pour l’efficacité, comme le démontre l’INR. Malgré sa taille, l’agence fait souvent preuve d’une grande capacité d’analyse. Elle joue dans la cour des grands.
Son succès est dû à une combinaison unique de facteurs : des fonctionnaires hautement qualifiés, dotés d’une solide expertise régionale, une volonté de remettre en question le consensus et une structure organisationnelle simplifiée qui réduit la bureaucratie. (L’absence de toute responsabilité en matière de collecte de renseignements peut également lui permettre de se concentrer sur une voie unique). Les rapports sont rédigés par des individus plutôt que par des comités, avec moins de rédacteurs et de gestionnaires entre les deux, ce qui favorise les points de vue individuels et réduit la pensée de groupe, tout en garantissant que les produits du renseignement servent directement les besoins diplomatiques.
Le Département d’État, et la politique étrangère américaine plus largement, continueront de s’appuyer sur les produits de renseignement finis de l’INR pour faire progresser les intérêts américains et la sécurité nationale, ce qui en fait une voix indispensable au sein de la CI.
par | Nov 30, 2024 | Actualités organisation AICS-SR











