par | Fév 29, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
L’entretien d’entrée au KGB comme si vous y étiez
Dans son nouvel ouvrage, l’écrivain Iegor Gran propose traduction et remise en contexte d’un document daté de 1969 expliquant aux jeunes membres du service de renseignement soviétique comment recruter des agents.
L’Entretien d’embauche au KGB, à paraître le 24 janvier 2024 aux éditions Bayard, est d’abord l’histoire d’une découverte: au cours de ses recherches pour son roman Les Services compétents, Iegor Gran met la main sur un document inespéré: Le Recrutement des agents, un livre russe daté de 1969, numéroté, imprimé à cent exemplaires. Sa fonction? Enseigner aux jeunes recrues du KGB l’art subtil du recrutement des agents étrangers. Iegor Gran nous accompagne dans la lecture de ce manuel qu’il a lui-même traduit. Sa voix, entrelacée dans le texte original, nous apporte les éléments de contexte nécessaires: comment entre-t-on dans une école du KGB, qu’y fait-on, comment se déroulent les examens, etc.? Un récit essentiel qui permet de mettre en lumière la politique de Vladimir Poutine et les enjeux actuels.
Nous publions ici un encadré de la main de l’auteur, issu du chapitre «Le processus de recrutement, sa conduite et son achèvement».
Une sélection qui ne dit jamais son nom
Comment entre-t-on dans une école du KGB? Il n’y a pas vraiment d’examen officiel, même si des épreuves de langues vivantes et des entretiens peuvent être organisés. Impossible de postuler directement. Si l’on met de côté les admissions parallèles pour les collaborateurs qui travaillent déjà dans les «services» et qui voudraient monter en grade ou changer de poste, le processus de sélection est un chemin obscur dont une bonne partie s’accomplit sans que le candidat potentiel ne sache qu’il a été mis «en observation».
Dans l’idéal, le parcours du futur étudiant tchékiste commence avant la naissance: sa famille est modeste, plutôt provinciale, avec un père fonctionnaire dans l’administration ou militaire, une mère au foyer ou institutrice. Après le lycée, il montre un faible pour les sciences humaines, de celles qui ont un côté pratique, tout en laissant une place de choix à l’idéologie soviétique: l’économie, le droit, la gestion, le journalisme. Le MGIMO (Institut des relations internationales de Moscou) est un vivarium connu pour être une filière d’élite –il n’est pas évident d’y être admis.
Le futur tchékiste entre au Komsomol (les jeunesses communistes) –dans les années 1960, c’est un passage obligé ou presque. Là, il déploie ses ailes et devient hyperactif. Il gère le journal de la fac, s’occupe de son affichage et de sa distribution. Il organise des actions collectives pour les festivités du 1er mai et du 7 novembre, anniversaire de la révolution d’Octobre. Il supervise le collage des affiches et le tractage lors des «élections» au Soviet suprême. Il fait du volontariat dans les écoles pour encadrer les jeunes et part ramasser les déchets.
L’été, il est en colonie de vacances avec les pionniers, participe à des rallyes culturels, fait un stage dans un kolkhoze. Parfois, pour gagner un peu d’argent de poche, il travaille de nuit dans une usine. En parallèle, il fait du sport, beaucoup de sport, avec une préférence pour les activités viriles: karaté, haltérophilie, saut en parachute, compétition de moto. Comment trouve-t-il le temps de tout faire? «J’organisais ma journée à la minute près, raconte dans ses mémoires le colonel IossifLégan[1]. Je me demande aujourd’hui comment j’y parvenais sans sacrifier mes études.»
Un tel zèle finit par se faire remarquer. Son cas est signalé à qui de droit, et une enquête de voisinage est discrètement lancée. Qui sont ses copains? Sort-il tard le soir?Boit-il?… Puis on le teste. Un jour, dans un train, un voyageur de son compartiment, au contact facile, le lance sur des sujets délicats avec des questions provocantes: la vie est trop chère, les salaires miséreux et on ne trouve plus certains produits de première nécessité –est-ce normal au pays du communisme triomphant? Ou bien il balance une blague: «Qu’est-ce qui a quatre jambes et quarante dents? Réponse: un crocodile. Qu’est-ce qui a quarante jambes et quatre dents?Réponse: le Politburo de Brejnev où il n’y a que des vieux!» Et il observe la réaction.
Si tout se passe bien, si le garçon est sérieux, incorruptible face aux pensées séditieuses, on lui fait comprendre qu’on s’intéresse à lui en haut lieu, sans préciser lequel. Puis on le convoque à un rendez-vous avec «quelqu’un d’important», un responsable de l’antenne locale du KGB, un lieutenant-colonel ou un colonel en civil, dans une ambiance amicale, décontractée.
On papote, on papote longtemps. On aborde les ambitions du jeune homme, sa vision du monde, du Parti, ses loisirs, ses amis, sa fiancée. Soudain, on lui pose une question incongrue (au premier abord): «Que pensez-vous de l’art abstrait?» Contrairement aux apparences, ce n’est pas une évaluation de culture générale, mais une épreuve de loyauté. C’est que dans l’art soviétique des années 1960-1970, tout ce qui sort du cadre du «réalisme socialiste» est soupçonné de faire le jeu de l’Occident; il faut donc contrôler les inclinations du candidat, s’assurer de sa résistance devant la nonchalance artistique qu’il pourrait croiser en Europe s’il était amené à voyager.
Je peux témoigner que ce n’est pas une précaution idiote: c’est en découvrant des cartes postales de Picasso, dans l’immédiat après-guerre, que mon père, alors jeune communiste convaincu, a vu sa foi vaciller devant l’insolente liberté des compositions. Goûter au fruit défendu l’a mis sur une pente savonneuse; il a arrêté de lire Gorki et Aragon, s’est mis en tête de ricaner sous cape devant le «réalisme socialiste», puis a commencé à inventer des récits fantasques où le personnage principal est un extraterrestre débarquant à Moscou dans un appartement communautaire… De fil en aiguille, il a pris un pseudonyme, a fait passer ses textes en Occident, a tourné en bourrique pendant six ans les fins limiers du KGB qui le cherchaient… La dégringolade totale, en somme.
Pour le futur étudiant tchékiste qui s’ignore, les tests se poursuivent le temps qu’il faut –personne n’est pressé. Certains sont envoyés «en stage» dans un pays du bloc de l’Est et subissent des épreuves de débrouillardise. On leur demande par exemple de retrouver un «agent», qui est en réalité un complice du service de recrutement, et d’entrer en contact avec lui pour évaluer la diligence, le bagout et le flair du candidat.
D’autres sont amenés à trier des archives afin de retrouver un document «égaré», on voit ainsi comment ils se dépatouillent dans une avalanche de papiers et d’informations contradictoires. D’autres font un service militaire durci, dans une unité de combat d’élite. D’autres enfin sont assignés à résidence le temps de préparer et de passer des épreuves de langues dans ce qui ressemble à un concours officiel. Il n’y a pas de parcours standard, tout est conçu à la tête du candidat, en fonction de son profil.
Quand tout se passe bien, le processus d’embauche se termine par une proposition directe: «Que diriez-vous d’intégrer les organes de sûreté?» Si le candidat accepte (et, généralement, si on en arrive à ce stade de la conversation, c’est que la réponse est positive), on lui fait signer un papier de confidentialité, puis, quelques jours plus tard, on lui annonce son affectation –dans une école de gardes-frontières, de techniciens opérationnels, de criminologie, ou dans un centre plus prestigieux, comme l’École de contre-espionnage militaire à Novossibirsk (École N°311), l’Académie Andropov du renseignement extérieur (École N°101), ou la Vychka. Il y est admis avec un grade de sous-lieutenant et il touche une bourse mensuelle, tout en étant logé, nourri et blanchi sur place, dans des bâtiments soigneusement isolés du monde extérieur sous leurs airs d’absolue banalité.
Bien entendu, l’élève ne doit jamais rien révéler de ce parcours. Les langues se délient un peu quand on part à la retraite. Ainsi, un général du KGB se souvient[2], sobrement: «J’étudiais à la faculté de journalisme, on m’a invité à une discussion et on m’a fait une offre. J’ai accepté parce que, comme on le comprend aisément, le travail d’un journaliste et d’un officier de renseignement sont proches en termes d’attitudes psychologiques.» Passons.
par | Fév 29, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
L’espion indésirable
En 2015, l’ancien officier de la CIA Jeffrey Sterling a été condamné à trois ans et demi de prison pour avoir violé la loi sur l’espionnage en divulguant les détails d’une opération top secrète à un journaliste – une accusation qu’il a toujours niée. Jeffrey pense que pendant son séjour à l’Agence, il a été victime de discrimination en raison de la couleur de sa peau et que ses plaintes ont fait de lui une cible. La position du gouvernement américain est claire. Dans cet épisode de True Spies, Daisy Ridley entend la version de Jeffrey de l’histoire.
Jeffrey Sterling est un avocat américain et ancien employé de la CIA qui a été arrêté, inculpé et reconnu coupable de violation de la loi sur l’espionnage pour avoir révélé des détails sur l’opération Merlin au journaliste James Risen. L’affaire reposait sur ce que le juge a qualifié de « preuves circonstancielles très puissantes ».
UnwantedSpy: The Persecution of an American Whistleblower
L’histoire poignante d’un lanceur d’alerte de la CIA et prisonnier politique qui a refusé de renoncer à son rêve américain
En 2015, Jeffrey Sterling a été condamné à la prison, reconnu coupable de violation de la loi sur l’espionnage. Il est désormais clair que Sterling a été une autre victime de la répression draconienne menée par notre gouvernement contre les fuiteurs et les lanceurs d’alerte présumés.
Sterling a grandi dans une petite ville isolée du Missouri et a sauté sur l’occasion d’élargir son monde et de servir son pays, d’abord à la faculté de droit, puis à la CIA. Après une carrière impressionnante, les progrès de Sterling se sont brusquement arrêtés : il s’est vu refuser des opportunités en raison de sa race et a été expulsé de l’Agence. Plus tard, Sterling a courageusement dénoncé l’opération secrète bâclée de la CIA en Iran auprès des enquêteurs du Sénat. Après quelques années tranquilles dans le Missouri avec sa femme, il est arrêté subitement et accusé d’espionnage
par | Fév 29, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
Publié le 6 février 2024 dans la revue CONFLITS
Février 2024, une première ministre nationaliste-irlandaise à la tête de l’Ulster : approche d’une libération historique ?
par XAVIER RAUFER
Pour la première fois de son histoire, un nationaliste du Sinn Fein devient Premier ministre de l’Ulster. Michelle O’Neill va-t-elle conduire l’Ulster vers l’unification avec la République d’Irlande ?
Février 2024, Irlande du Nord : basculement historique. Première dans l’histoire de l’Ulster, Michelle O’Neill, 47 ans, dirigeante nationaliste du Sinn Fein, parti militant depuis 1905 pour l’unification de l’île, devient chef de gouvernement de la province britannique à majorité encore protestante. En tête des élections de mai 2022, le Sinn Fein fut la durable vitrine politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA). Michelle O’Neill (née Doris) est la fille de Brendan Doris, volontaire de l’IRA, East-Tyrone brigade, puis prisonnier des Britanniques. Les cousins de Michelle, (tous deux Volontaires, East-Tyrone Brigade, IRA) sont Tony Doris, mort au combat en 1991 face aux Britanniques et Gareth Doris, blessé au combat en 1997.
L’Irlande fut longtemps une colonie anglaise ; bien avant l’Afrique et l’Asie, l’Angleterre initia son empire en envahissant l’île voisine. Premier pays colonisé par Londres, l’Irlande sera le dernier à se libérer et retrouver sa pleine souveraineté sur ses 32 comtés. Première étape – narrée ci-dessus – en février 2024. Nous rappelons ci-après d’autres phases majeures de la plus longue guerre de libération de l’histoire du monde.
Ulster, vingt ans de pilotage fin de l’IRA
Le 31 août 1994, l’État-major de l’IRA annonce un cessez-le-feu permanent. La situation en Ulster se détend au point que, le 31 août 1995, fait inouï, le Sinn Fein manifeste en plein fief protestant, devant la mairie de Belfast. Cessez-le-feu, oui, mais la pression doit continuer sur le Royaume-Uni et la République d’Irlande, pour que la paix à venir favorise les nationalistes-catholiques de l’Ulster. D’où les coups de pression du patron du Sinn Fein, Gerry Adams, dont tout l’Ulster connaît le passé « militaire » (qu’il nie mollement).
Devant la mairie de Belfast, un homme s’écrie « vive l’IRA ». Gerry Adams entend, respecte un silence amusé puis lâche : « They haven’t gone away, you know » (Ils n’ont pas disparu, vous savez…). Hurlements : joie dans la foule ; indignation de la presse de Londres – mais le message est clair : le Conseil de l’armée de l’IRA est bien là et peut relancer la guerre à tout instant.
Les années passent ; le 15 décembre 2021, les cahots du Brexit risquent de réinstituer la frontière physique entre l’Ulster et la République d’Irlande. Casus belli pour le Sinn Fein qui diffuse alors une vidéo où, vêtu en père Noël, Gerry Adams visite (à des fins de charité), le ghetto catholique. Une porte s’ouvre : un homme le reconnaît et s’écrie « They haven’t gone away, you know » – sur quoi, Adams garde un lourd silence. Convulsions à Londres, mais là aussi, le message passe : attention au retour de l’IRA !
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Juillet 2019 – In Memoriam, Billy McKee (1921-2019)
Belfast, Ulster, devant la cathédrale catholique Saint-Peter : en ce grisâtre matin de juin, la pluie noie et la petite foule venue conduire Billy McKee à son ultime demeure, au son de la cornemuse irlandaise. Saint-Peter, Falls road, de Lower Falls à Andersonstown, artère vitale du Belfast catholique – vingt ans durant, le fief de Billy McKee, premier Officer Commanding (OC) de la Brigade de Belfast de l’IRA quand reprend la guerre en 1969, mort indompté à 97 ans.
Devant la cathédrale, le cercueil de Billy orné du drapeau irlandais, frappé du Serment gaélique ERIN GO BRAGH (L’Irlande à Jamais), proclamé à la Grande Poste de Dublin à Pâques 1916 : la république indépendante de 32 comtés. Sur le cercueil encore, le béret et les gants noirs du Volontaire de l’IRA qu’il fut, des décennies durant.
Portant Billy au cimetière – après l’arrêt-symbole au mémorial républicain de Falls Road, ses frères d’armes du IIe bataillon de la Brigade de Belfast-IRA, commando surnommé The Dogs, qu’il commanda et où combattit Gerry Adams et avant lui, le père de ce dernier.
L’IRA provisoire émerge en 1969 quand l’Army Council (Conseil de l’Armée) relance la guerre. Alors, sa Brigade de Belfast a pour premier OC Billy McKee. 1977 : après 8 ans de conflit, l’IRA est restructurée en Active Service Units, commandos plus opaques à l’efficace renseignement britannique. Billy McKee rentre alors dans l’ombre. Mais quelle histoire que la sienne : volontaire à l’adolescence, six ans de prison en 1940 pour « trahison » dans la geôle de Crumlin road, à Belfast nord. Puis d’autres séjours et grèves de la faim derrière les barreaux. Sur ses vieux jours, Billy McKee rejetait la trêve conclue par l’IRA en juillet 1997, La lutte armée restait pour lui la seule voie. Il se consolait en suivant la messe chaque matin – « catholique » à Belfast-ouest n’est pas un terme frivole.
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Ulster : l’IRA déterrera-t-elle la hache de guerre ?
Fin juin 2020, le Premier ministre britannique Boris Johnson déclare qu’en fin de compte, un Brexit dur avec Bruxelles, pourquoi pas ? Vu d’Europe, c’est l’énième épisode d’un divorce complexe. Mais pour le Sinn Fein, une possible frontière intra-irlandaise entre la (catholique) république d’Irlande, capitale Dublin, et l’Ulster britannique d’abord protestant, capitale Belfast, est un casus belli. D’où cette menaçante riposte des nationalistes, prélude annoncé de reprise d’une guerre éteinte depuis 23 ans.
Le mardi 30 juin, ces nationalistes enterrent Bobby Storey (mort d’un cancer à 64 ans) vingt ans durant le chef du renseignement de l’IRA qui, de Londres à Belfast, fit trembler les forces britanniques (armée, police, renseignement). Nous revenons plus bas sur ce personnage redouté. D’abord, la démonstration de force du Sinn Fein et de l’IRA.
Le 30 juin, les fiefs catholiques de Belfast-ouest, Lower Falls, Ballymurphy, Andersonstown, sont couverts des drapeaux noirs du deuil, mêlés de ceux vert-blanc-orange de la république d’Irlande. De la cathédrale au cimetière où l’IRA enterre ses morts, la foule salue son héros. Devant elle, encadrant tout du long le cortège funèbre, près de 2 000 hommes en uniforme, pantalon et cravate noire, chemise blanche : sur place, chacun comprend le sens de cette mobilisation, énorme pour une ville en majorité protestante de 280 000 habitants.
Dans l’ordre symbolique, voici qu’arrive le cortège : Gerry Adams, Gerry Kelly, Sean Hughes, ‘Spike’ Murray, ‘Duckser’ Lynch et Martin Ferris portent le cercueil de Bobby Storey ; ex-commandants de brigade de l’IRA, puis chefs d’état-major – donc, membres de droit de l’instance suprême du nationalisme irlandais, le « Conseil de l’Armée », formé de 7 ex-chefs de l’IRA. En 1969 ce Conseil déclare la guerre à « la Couronne » ; valide la trêve de 1997 ; enfin, ordonne de désarmer le 28 juillet 2005. Sous sa forme 1969-1997, l’IRA est dissoute – le Conseil de l’armée, non. Si un jour, doit reprendre la guerre de libération, il en donnera le signal.
Ce 30 juin, la symbolique explosive est dans l’ordre du cortège. En tête, les chefs militaires portent le cercueil ; la direction du Sinn Fein suit sagement, derrière sa présidente Mary Lou McDonald. À Londres, Belfast, Dublin, tout le monde saisit : le Conseil de l’Armée reprend la main. Si revient la frontière Ulster-Irlande du sud, ce sera la guerre.
Rituel connu : ce jour-là, l’agence de presse irlandaise recevra une lettre déposée à la grand-poste de Dublin, fief de la première IRA dans l’insurrection de 1916. Son en-tête (en gaélique) sera Óglaigh na hÉireann (Volontaires de l’Irlande, ou IRA). Elle sera signée « P. O’Neill », premier chef de la brigade IRA de Dublin en 1916 et alors, porte-parole du Conseil de l’armée – un symbole, encore.
par | Fév 23, 2024 | Actualités organisation AICS-SR, Délégation Dom Tom, délégation Grande Bretagne, Délégation Ile De France, Délégation Nord-Est, Délégation Nord-Ouest, Délégation Sud-Est, Délégation Sud-Ouest, Délégation Suisse, lectures conseillées, Moments d'histoire, Revue de Presse AICS-SR
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par | Jan 27, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
SCO19 « LES CHEVAUX DE TROIE DE LONDRES »
- Introduction :
Le SpecialistFirearms Command (SCO19) est l’unité d’armes à feu de la Metropolitan Police Force : la force de police de la région du Grand Londres. Par rapport à leurs homologues habituels, les agents métropolitains reçoivent une formation améliorée et sont constamment en attente, prêts à être déployés à tout moment en cas d’incident impliquant des armes à feu à Londres. ( Source )
SCO19 fournit une capacité de réponse aux armes à feu à la force métropolitaine qui n’est généralement pas armée (comme la plupart des policiers britanniques). Les membres du SCO19 n’ont pas d’autres fonctions et sont considérés comme une unité à plein temps qui sert naturellement à l’avant-garde de la lutte antiterroriste britannique dans la capitale nationale. ( Source ) La SCO19 permet aux femmes et aux hommes d’y adhérer.
De plus, SCO19 est membre du groupe antiterroriste ATLAS : un groupe international européen composé de 38 forces d’intervention spécialisées de 28 pays ( Source ). Il vise à renforcer les capacités de ces nations grâce à une formation coopérative et au partage d’informations. ( Source ) De plus, SCO19 est l’un des rares participants non européens à ATLAS.
- Histoire de la SCO19 :
Il existe une longue histoire d’officiers armés au sein de la police britannique. Depuis la création de la police britannique en 1829, des armes à feu ont été distribuées de manière ponctuelle. Qu’il s’agisse de pistolets à silex ou de revolvers, ils étaient souvent utilisés dans des situations où les armes à feu étaient probablement utilisées par des éléments criminels. Cependant, aucun système formel n’était en place ; au lieu de cela, le commissaire de police distribuait des revolvers aux policiers lorsque leur jugement le jugeait, ce qui, dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, était de plus en plus inefficace.
En réponse au massacre de Shepherd’s Bush en 1966, les forces de l’ordre britanniques ont formé le D6 : le prédécesseur du SCO19. Lors de ce massacre, deux fugitifs ont abattu de sang-froid trois policiers alors qu’ils échappaient à leur appréhension. Cet incident a provoqué une indignation massive du public, avec des appels à la réintroduction de la peine de mort récemment abolie et une forte augmentation du nombre de policiers spécialisés dans les armes à feu recrutés.
Après avoir été sélectionnée dans l’unité, la police britannique a envoyé les futurs officiers du D6 à l’aile des armes légères de l’École d’infanterie de l’armée pour une formation spécialisée. ( Source )
En 2012, ils ont renommé l’unité SCO19. Son rôle actuel consiste à fournir une formation sur les armes à feu à tous les 2 594 agents des armes à feu des forces de police métropolitaines. Cela inclut également les unités spécialisées du CTSO, plus connues en raison de leur rôle important dans les opérations de lutte contre le terrorisme. ( Source )
Agents du SCO19 utilisant un fusil de chasse pour forcer une porte
- Organisation du SCO19 :
Comme indiqué dans les directives publiées par l’Association of British Police Chief Officers, l’objectif principal du SCO19 est la formation au maniement des armes à feu ; cependant, leur rôle et leur organisation ont quelque peu évolué au cours des 40 années écoulées depuis sa création. ( Source ) Comme mentionné, en 2012, l’unité a été nommée SCO19 en raison de la fusion des opérations centrales (CO) et de la Direction spécialisée de la criminalité (SCD). ( Source ) SCO19 forme les officiers des unités suivantes :
- Commandement de protection
- Commandement antiterroriste
- Groupe de protection diplomatique
- Unité de commandement opérationnel de la sûreté aérienne
- Flying Squad ( célèbre unité de braquage de banque )
- Commandement des spécialistes et de la protection des redevances
- Officiers MO19 (La police armée qui fait directement partie du SCO19)
La SCO19 possède actuellement quatre niveaux de forces armées directement sous son commandement. Ils sont les suivants : ( Source )
3.1 Véhicules d’intervention armés :
Les unités de véhicules d’intervention armés (ARV), également communément appelées « chevaux de Troie », sont des unités d’intervention rapide en cas d’incidents liés aux armes à feu à Londres. ( Source ) Ils patrouillent dans la ville et fournissent un soutien armé immédiat aux autres unités de police si une arme à feu est utilisée. Ils sont également formés aux poursuites à grande vitesse et effectuent des patrouilles ciblées dans les zones à forte criminalité. Chaque unité comprend trois membres : un chauffeur, un opérateur de communication et un observateur/navigateur. De plus, ils utilisent actuellement les BMW X5 pour garantir des temps de réponse rapides. ( Source )
BMW X5 utilisé par les patrouilles ARV
3.2 Unité proactive des chevaux de Troie :
La Trojan Proactive Unit (TPU) est le deuxième niveau d’officiers armés au sein de la SCO19. Ils effectuent des patrouilles ARV dans les points chauds de la criminalité pour dissuader les crimes violents. ( Source ) Cette unité est composée de 24 officiers, ce qui en fait une unité plutôt petite. De plus, les agents TPU sont généralement détachés du service ARV. ( Source )
3.3 Équipes de soutien tactique :
Le troisième niveau d’officiers armés au sein de la SCO19 constitue les équipes de soutien tactique (TST). Structurellement, les TST sont composés d’agents ARV très expérimentés qui assurent le soutien des autres unités de la police métropolitaine. Ils opèrent en uniforme et en civil. (Source) En outre, les TST mènent souvent des opérations/raids pré-planifiés dirigés par le renseignement, telles que des arrestations à haut risque, ou même fournissent un soutien à la Flying Squad.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un niveau distinct d’officiers armés, il est important de séparer le groupe suivant, celui des officiers de fusiliers spécialisés (SRO). Les SRO sont des agents d’armes à feu expérimentés qui sont formés à l’utilisation de fusils de tireur d’élite/de tireur d’élite. De plus, ils travaillent souvent en tandem avec les TST et occupent des postes de surveillance lors de grands événements. ( Source )
Probablement un tireur d’élite SCO19 avec son fusil G3 sur les lieux de la fusillade de Stockwell
3.4 Agents spécialisés en arme à feu contre le terrorisme (CTSFO) :
Le niveau le plus élevé d’officiers armés au sein de la SCO19 et le plus sélectif sont les équipes d’officiers spécialisés en armes à feu contre le terrorisme. Les CTSFO s’occupent des opérations nationales d’armes à feu dans le cadre des opérations antiterroristes britanniques à l’échelle nationale. En outre, ils fournissent un soutien armé aux unités spécialisées et sont multi-entraînés, capables de s’adresser à tous les éléments de la police armée. ( Source )
Les CTSF sont en alerte constante, prêts à répondre à des événements majeurs tels que les attentats terroristes à Londres et au niveau national. Ils forment les membres du CTSFO à un niveau supérieur à celui des autres membres du SCO19, et la plupart des stagiaires ont commencé comme officiers ARV. Cela est dû au fait qu’ils doivent potentiellement prendre d’assaut des bâtiments, des avions, des bateaux et des trains, tout en se déplaçant potentiellement. ( Source )
SCO19 compte sept équipes CTSFO, chacune composée d’un sergent et de quinze agents travaillant par équipes de sept semaines. ( Source ) Au total, le SCO19 compte environ 130 spécialistes hautement qualifiés en attente et peut être déployé par voie aérienne ou maritime. En raison de la tenue des Jeux olympiques d’été à Londres en juillet 2012, ils ont modernisé l’unité selon de nouvelles spécifications. En conséquence, l’unité s’entraîne désormais avec les forces spéciales britanniques pour améliorer ses capacités et atteindre un niveau plus élevé. (Source) Cela comprenait un entraînement à la corde rapide à partir d’hélicoptères et un entraînement au combat rapproché (CQC). ( Source ).
Patchs d’identification CTSFO
- Équipement du SCO19 :
L’équipement du SCO19 est varié et d’une qualité primordiale compte tenu de la nature de l’unité et de ses responsabilités accrues.
4.1 Équipement personnel :
Il comprend : ( Source )
Fusils :
- Heckler et Koch G36C
- Sig Sauer SG516
- Sig Sauer SG517
- Sig Sauer MCX (le fusil le plus populaire utilisé, le SCO19 étant extrêmement courant)
Mitraillettes:
- Heckler et Koch MP5A2
- Heckler et Koch MP5A3
- Heckler et Koch MP5K (ceux-ci sont régulièrement déployés par d’autres officiers armés au Royaume-Uni)
Fusils de tireur d’élite/tireur d’élite :
- Heckler et Koch G3K (souvent équipé d’une lunette et d’un bipied lorsqu’il est utilisé comme fusil de tireur d’élite)
- Guerre arctique internationale de précision
Pistolets :
- Glock17
- Glock17M
- Glock19
- Glock19M
- Glock26
Officier SCO19 avec un Glock alors qu’il pratique l’embarquement maritime
Fusils de chasse :
Autre équipement:
Ils équipent les agents du même équipement que les agents métropolitains normaux, tels que :
- Taser non mortel X26/X2
- Bâton ASP
- Gaz CS
- Menottes rapides
- Radios
- Gilet pare-balles (les officiers normaux sont juste équipés de pare-balles mais les SCO19 sont équipés de pare-balles)
- Heckler et Koch HK69A1 (lanceur rond à bâton)
4.2 Véhicules utilisés par SCO19 :
De plus, SCO19 utilise une variété de véhicules pour améliorer son temps de réponse et sa flexibilité tactique, notamment :
- BMW 530D (était l’ancien véhicule utilisé par les équipes ARV en raison de sa vitesse élevée)
- BMW X5 (récemment adopté pour les équipes ARV en raison de la suspension améliorée, mieux à même de faire face à l’augmentation du poids due à l’équipement supplémentaire)
- Motos BMW F800 GS
- Hélicoptère Eurocopter EC-145 (trois utilisés par l’unité d’appui aérien permettant les capacités d’insertion aérienne du SCO-19.
- Bateaux pneumatiques semi-rigides (RIB) Delta 1000TX (permettant au SCO19 d’intervenir rapidement le long de la Tamise)
SCO19 utilise un RIB pour naviguer rapidement sur la Tamise
- Opérations notables de SCO19 :
SCO19 et ses prédécesseurs ont été engagés dans de nombreuses opérations depuis leur création. Rien qu’en 2015, l’unité CTSFO a participé à 144 opérations. ( Source ) De plus, les prédécesseurs de l’unité étaient également présents lors du tristement célèbre siège de l’ambassade iranienne en 1980. Certaines de leurs opérations les plus notables comprennent :
5.3 Siège de Norholt :
Le siège de Norholt était une prise d’otages le 25 décembre 1985, dans l’ouest de Londres. Errol Walker a pris en otage sa fille, sa belle-sœur et sa fille. La police a tenté en vain de négocier avec Walker, mais il a tué sa belle-sœur, ce qui les a amenés à prendre d’assaut l’appartement. Des grenades assourdissantes ont été utilisées et Walker a été abattu, ce qui a été un succès majeur pour l’unité puisque les enfants ont été sauvés. De plus, c’était la première utilisation de grenades assourdissantes par la police britannique et la première fois en 20 ans d’histoire de la branche des armes à feu qu’elle tirait un coup de feu. ( Source )
Officier SCO19 après un raid
5.4 Opération Hurlock :
L’opération Hurlock, également connue sous le nom de Chandler’s Ford Shooting, était la fusillade de voleurs armés par la Flying Squad et la SCO19 dans le Hampshire. Cela s’est produit le 13 septembre 2007, lorsque des voleurs armés ont tenté de retenir le conducteur d’une camionnette de transport de fonds sous la menace d’une arme et de voler le camion. Un tireur d’élite de la police a ouvert le feu, tuant un voleur. Lorsque son collègue a tenté de récupérer son arme, il a également été tué par balle par des policiers armés. Cela a été considéré comme un succès dans la mesure où seuls les suspects armés ayant commis un crime ont été tués et le public a eu une opinion favorable. ( Source )
5.5 Attaque terroriste de Westminster en 2017 :
Le 22 mars 2017, un attaquant, affirmant mener un Jihad individuel en réponse aux frappes aériennes britanniques contre l’Etat islamique, a conduit une voiture dans la foule sur le pont de Westminster et devant le palais de Westminster. Alors qu’il sortait du véhicule, l’agresseur a ensuite tenté de pénétrer dans le palais de Westminster, mais a été arrêté par un PC non armé qui est mort dans le combat qui a suivi. ( Source ) Un officier armé à proximité a immédiatement couru et a tiré sur l’attaquant à trois reprises avant l’arrivée des CTSFO dans les 6 minutes. Il y a eu 6 morts à cause de l’attaque et l’incident est bien ancré dans la mémoire britannique. ( Source ) Toutefois, la réactivité du CTSFO a rassuré le public. De plus, la forte publicité qui a suivi, avec des photos montrant le CTSFO patrouillant à Londres, les a propulsés sous le feu des projecteurs.
5.6 Attaque du pont de Londres en 2017 :
Le 3 juin 2017, une série d’attaques terroristes à l’éperon et au couteau a eu lieu, faisant 8 morts et 48 blessés. Trois assaillants ont conduit une camionnette sur le trottoir du London Bridge avant de fuir le véhicule pour rechercher des personnes à poignarder à Borough Market. L’Etat islamique a par la suite revendiqué la responsabilité des attaques. ( Source ) Des membres du SCO19 ont rattrapé les assaillants et ont tiré 46 balles, les tuant tous les trois. Cela a été considéré comme un succès pour l’unité, car le temps de réponse a été si rapide et a évité de nouvelles victimes. ( Source )
- Résumé :
La SCO19 constitue donc un élément essentiel de la doctrine antiterroriste britannique, compte tenu notamment de son rôle central à Londres. Cette unité donne à la police métropolitaine une capacité intégrale, qui fait tellement défaut compte tenu de son rôle d’institution intrinsèquement non armée. L’OCS19 et ses éléments constitutifs constituent une unité d’élite qui, à une époque de montée de l’extrémisme, continuera à jouer un rôle important pour assurer la sécurité de Londres.
par | Jan 27, 2024 | Actualités organisation AICS-SR
L’Alberta a-t-elle déjà été envisagée pour l’emplacement d’un site de surveillance par satellite pour le CST ? C’est mon hypothèse de travail actuelle.
Une demande d’accès à l’information que j’ai récemment soumise au Bureau du Conseil privé pourrait éventuellement fournir des preuves pour confirmer ou rejeter cette hypothèse – mais seulement si Ottawa parvient à transcender son réflexe de caviardage inutile.
Au cours des années 1980, le CST a entrepris un effort majeur pour moderniser le programme canadien SIGINT. Entre autres initiatives, l’agence a revitalisé ses capacités de cryptanalyse, établi des sites d’interception dans les installations diplomatiques canadiennes, commencé à surveiller les communications par satellite commercial (COMSAT) et renforcé le personnel du CST de 50 %. (Vous pouvez en savoir plus sur la renaissance du CST dans les années 1980 ici .)
Les communications par satellite ont joué un rôle de plus en plus important dans les télécommunications internationales gouvernementales et non gouvernementales au cours des années 1980.
Les services de communications commerciales par satellite ont débuté en 1965, lorsqu’un consortium intergouvernemental appelé INTELSAT a lancé Early Bird, le premier satellite de communications commerciales. Peu de temps après, la NSA et le GCHQ ont mis en place le programme ECHELON pour surveiller le trafic intéressant sur les satellites d’INTELSAT.
Dans les années 1980, le volume croissant des communications acheminées par INTELSAT et d’autres opérateurs de satellites commerciaux et nationaux a rendu souhaitable l’intégration des autres partenaires de l’UKUSA dans le programme. En mars 1987, l’Australie a annoncé son intention de construire une station de surveillance par satellite à Geraldton, en Australie occidentale, et en décembre 1987, la Nouvelle-Zélande a annoncé qu’elle construirait une station similaire à Waihopai.
Pour le Canada, l’adhésion au programme de surveillance par satellite était considérée comme un moyen à la fois d’augmenter notre contribution au partenariat UKUSA et de recueillir des renseignements présentant un intérêt particulier pour le gouvernement canadien.
Des documents récemment publiés dans le cadre du Projet canadien sur l’histoire du renseignement extérieur (CFIHP) par le biais de la Loi sur l’accès à l’information confirment les grandes lignes du plan canadien. Ces documents démontrent que le projet de surveillance par satellite était un élément clé du plan de renouvellement que le CST a présenté au Comité interministériel sur la sécurité et le renseignement (ICSI) en mars 1984 dans son Aperçu stratégique du programme cryptologique, 1985-1988.
Le document d’aperçu stratégique lui-même est assez fortement rédigé, mais il confirme que l’un des projets proposés par le CSE est lié à la collection COMSAT, et une annotation manuscrite indique que ce projet a été approuvé.
Un autre document, une note des Affaires extérieures de décembre 1987, est plus révélateur, confirmant que « ECHELON est un projet du CSE qui a été conçu pour collecter les communications Intelsat…. Notre position sur ECHELON a été de soutenir le projet en tant que contribution précieuse à l’effort global du Canada et de ses alliés. Au moment de cette note, le projet était suspendu en raison de problèmes de légalité exprimés par le ministère de la Justice. Mais ces préoccupations semblent avoir été résolues peu de temps après, puisque des documents de 1988 confirment que le projet était de nouveau sur les rails. Un document de juin 1988 note par exemple que « PILGRIM et ECHELON vont de l’avant ». (PILGRIM était le projet visant à exploiter des sites d’interception dans les installations diplomatiques canadiennes.) Un autre document, datant de mars 1988, énumère « les options possibles pour remédier aux lacunes identifiées en matière de renseignement », dont l’une est « une plus grande exploitation du programme ECHELON pour obtenir davantage de renseignements spécifiques au Canada ». informations, tout en contribuant à l’effort allié SIGINT.
La Station des Forces canadiennes Leitrim, située juste au sud d’Ottawa, est devenue le siège des efforts de surveillance par satellite du Canada.
Des photos aériennes que l’auteur a examinées à la National Air Photo Library montrent que la première parabole de surveillance par satellite a été installée à Leitrim entre la fin de 1984 et le début de 1985. Une deuxième grande parabole a été installée en 1985-86, suivie d’une troisième en 1987 et d’une autre. quatrième en 1989-90. Quelques petits plats étaient également en place à ce moment-là.
Cette photo de 1988, prise depuis Leitrim Road, montre les trois plats principaux alors à Leitrim (deux d’entre eux recouverts de radômes). Une petite coupelle est également visible entre le radôme gauche et la grande coupelle découverte.
Un autre site a été proposé
Le document d’aperçu stratégique révèle cependant que Leitrim n’était pas initialement prévu pour être le principal site de surveillance par satellite du Canada. Le fait qu’une ou plusieurs nouvelles installations étaient envisagées a été expurgé de la version transmise au FCFIS, mais une partie moins expurgée du document raconte l’histoire :
Les risques associés à cette initiative concernent [caviardé.] Si cela ne se produit pas, une installation de formation et de R&D COMSAT qui sera développée dans le cadre du projet à Leitrim sera transformée en installation principale. Les communications par satellite qui peuvent être collectées à partir de ce site représentent de la même manière [expurgé.]
Un autre document remis au CFIHP confirme également que « si [l’élément rédigé du plan] ne se concrétise pas, un site de formation prévu pour la SFC Leitrim sera transformé en une station de collecte à part entière ».
À l’origine, où le CST aurait-il voulu surveiller les communications par satellite?
Leitrim est bien situé pour surveiller les satellites INTELSAT stationnés au-dessus de l’océan Atlantique, qui assurent les communications entre les Amériques et l’Europe/Afrique. Il pourrait également surveiller de nombreux satellites nationaux qui desservent certaines parties des Amériques, tels que les satellites Morelos du Mexique et Brazilsats du Brésil, tous deux mis en place dans les années 1980. Mais c’est trop à l’est pour surveiller les satellites INTELSAT au milieu du Pacifique.
Ainsi, le CST aurait peut-être voulu construire un site distinct sur la côte Ouest à partir duquel collecter le trafic satellite entre l’Asie et l’Amérique du Nord et du Sud. Ou alors, il a peut-être cherché un site unique à partir duquel les satellites survolant à la fois l’Atlantique et le Pacifique – et partout entre les deux – pourraient être surveillés.
En route pour l’Alberta?
Un tel site aurait été possible dans le sud de l’Alberta, même si le satellite le plus à l’est au-dessus de l’Atlantique et le plus à l’ouest des satellites au-dessus du Pacifique ne seraient pas visibles. (L’arc de couverture s’étendrait d’environ 175 à 180 degrés est à 40 à 55 degrés ouest.)
Un tel site était-il envisagé ? Un autre document rendu public au FCFIS laisse entendre que c’est peut-être le cas.
Le document est une liste de dossiers liés au renseignement détenus par le Bureau du Conseil privé. Entre autres sujets, la liste contient plusieurs pages de dossiers liés au CST, dont deux ensembles de dossiers, tous deux établis en 1986, appelés « Sites de collecte – Alberta ».
Il est très peu probable que ces fichiers fassent référence à des sites de collecte de radio. Le Canada n’a pas eu de site de collecte de radio en Alberta depuis la fermeture du site de Grande Prairie de l’Armée canadienne en 1947, et je ne vois aucune raison pour laquelle le CST aurait envisagé d’ouvrir un nouveau site de collecte de radio dans la province dans les années 1980. L’un des principaux objectifs du projet de modernisation du CST était de réduire sa dépendance excessive à l’égard de la collecte de radio : la même année, l’ouverture de ces dossiers a permis de fermer le principal site de collecte de radio à Inuvik.
La réflexion sur les emplacements possibles d’un site de surveillance par satellite semble donc être une explication beaucoup plus probable à ces fichiers. En septembre, j’ai soumis une demande d’accès à l’information demandant que les documents contenus dans les dossiers soient divulgués. Nous attendons maintenant de voir ce que le BCP et le CST accepteront de publier.
Mais pourquoi attendre ?
En attendant, il est amusant de spéculer sur l’endroit où un site de collecte satellite en Alberta aurait pu être construit si le plan avait été réalisé.
Mon hypothèse la plus folle est que la Base des Forces canadiennes Suffield , la plus grande zone d’entraînement militaire au Canada, était le principal candidat du CST. Située à environ 50 km au nord-ouest de Medicine Hat, la base de 2 700 km² héberge également le RDDC Suffield (anciennement appelé Centre de recherches pour la défense Suffield).
La construction du site à Suffield aurait rendu la station CSE assez similaire à la station de recherche Yakima de la NSA , l’un des premiers sites ECHELON, qui était situé dans le centre d’entraînement Yakima de l’armée américaine, d’une superficie de 1 300 km², dans l’État de Washington, de 1974 à environ 2013. lorsque ses fonctions ont été transférées à la Buckley Air Force Base (maintenant Buckley Space Force Base).
Le CST aurait pu espérer que s’il construisait le site sur une base comme Suffield, son véritable objectif passerait inaperçu. Comme Yakima, Suffield aurait fourni un emplacement suffisamment grand pour garder les plats à l’abri des regards indiscrets sur un terrain déjà possédé par le ministère de la Défense nationale et avec des services de soutien déjà disponibles. La construction des paraboles aurait pu être expliquée comme un travail de recherche en communications associé au Centre de recherches pour la défense Suffield, tandis que la main-d’œuvre civile et militaire existante à la base aurait permis au personnel d’interception, principalement militaire, de se cacher à la vue de tous, attirant au moins potentiellement beaucoup moins d’attention. qu’un site indépendant nouvellement construit ne l’aurait fait.
La base était également bien desservie par des télécommunications de grande capacité, étant directement sur la route du système micro-ondes transcanadien.
Suffield semble donc être un candidat naturel.
Cependant, comme je l’ai dit, tout cela n’est que spéculation insensée. Il se pourrait bien que Suffield n’ait jamais été envisagé. Il se pourrait même que les dossiers « Sites de collecte — Alberta » ne soient pas liés aux propositions de surveillance par satellite du CST.
À notre connaissance, aucun site de collecte d’aucune sorte n’a été construit en Alberta depuis les années 1940. Il y a des raisons de croire qu’en 1992 le CST a étudié la possibilité de construire une station de surveillance par satellite distincte en Ontario, sur l’ancien site d’observatoire radio du Conseil national de recherches au lac Traverse, dans le parc Algonquin. Mais cela non plus n’a rien donné.
En fin de compte, Leitrim est devenu le principal site de surveillance par satellite du CST, et il demeure le principal site aujourd’hui. Des documents confirment que la surveillance INTELSAT associée au programme ECHELON s’est déroulée, mais il semble que cela se soit fait sans la construction d’un site distinct de surveillance par satellite en Alberta ou ailleurs.
Le BCP et le CST divulgueront-ils des informations supplémentaires qui feront la lumière sur ce que le CST a proposé, sur ce qui s’est produit et ce qui ne s’est pas produit, et pourquoi ces décisions ont été prises il y a 35 à 40 ans ? Cela reste à voir.